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1899Montagnes du Caucase, la mer Noire et la mer Caspienne, le Caucase ou le Caucase Ă  la frontiĂšre de l’Europe et de l’Asie Carte antique originale datĂ©e Taille de l’impression incluant les marges : 12 x 9,6 » IdĂ©al pour le cadrage ou un tapis standard de 11 x 14 ». Cette carte antique est en
LA MÉDITERRANÉE CASPIENNE ET LE CANAL DES STEPPES I. Kaspische Studien Etudes sur la Mer-Caspienne, par M. de Baer ; 1854-1860, Saint-PĂ©tersbourg. — II. Die Verbindung des Kaspischen mit dem Scwvarzen Meere la Jonction de la Mer-Caspienne et de la Mer-Noire, par M. de BergstrĂŠsser, dans les Mittheilungen de Petermann, Gotha 1859. C’est un fait dĂ©sormais incontestĂ© qu’une grande mer s’étendait autrefois du Pont-Euxin Ă  l’OcĂ©an-Glacial la Caspienne, la mer d’Aral, les innombrables lacs parsemĂ©s dans les plaines d’Astrakhan et de la Tartarie, sont des restes de cette antique MĂ©diterranĂ©e d’Asie, non moins grande que notre MĂ©diterranĂ©e europĂ©enne. Les traces diverses laissĂ©es sur le sol pendant les pĂ©riodes gĂ©ologiques rĂ©centes, les amas de coquillages, les bancs de sel Ă©pars au milieu des steppes, ne permettent pas de mettre en doute le long sĂ©jour des eaux marines dans ces plaines, aujourd’hui dessĂ©chĂ©es, et l’on peut mĂȘme reconnaĂźtre en grande partie la ligne des falaises que venaient battre autrefois les eaux de l’ocĂ©an disparu. Il n’est pas Ă©tonnant que dans une contrĂ©e oĂč chaque rocher, chaque dune, chaque grain de sable est un Ă©loquent tĂ©moin des anciens jours, les populations aient inventĂ© ou conservĂ© la tradition de la mer immense qui sĂ©parait les continens de l’Europe et de l’Asie. D’ailleurs l’homme a peut-ĂȘtre assistĂ© au dessĂšchement graduel de cette mer ; il a peut-ĂȘtre vu le Pont-Euxin s’éloigner de la Caspienne, la Caspienne abandonner dans la plaine son ancien golfe de l’Aral, et des lacs considĂ©rables s’évaporer au soleil ou se changer en masses de sel gemme. Nous ignorons si le volume des eaux diminue encore de nos jours dans le bassin de la Caspienne, la plus grande mer intĂ©rieure qui reste de l’antique ocĂ©an d’Hyrcanie mais il est certain qu’on ne cesse d’observer bien des changemens importans dans la forme de ses rivages, dans les terrains des steppes qu’elle abandonna jadis, dans les allures des fleuves qui s’y dĂ©versent. Le livre que vient de publier M. de Baer, ouvrage remarquable Ă  la fois par ses patientes analyses et ses gĂ©nĂ©ralisations hardies, nous prouve que la nature est encore en travail, comme dans les premiers Ăąges, pour transformer la Caspienne et les contrĂ©es qui l’avoisinent aucune force gĂ©ologique ne s’est arrĂȘtĂ©e dans son Ɠuvre. MĂȘme pendant les quelques annĂ©es de nos si courtes vies, nous voyons le territoire de la Russie mĂ©ridionale s’enrichir d’espaces considĂ©rables aux dĂ©pens de la mer, nous voyons les steppes salines modifier la nature de leur sol, des lacs se rĂ©soudre en Ă©tangs et en mares, des fleuves incertains osciller dans les plaines comme des serpens dĂ©roulant leurs anneaux. Et ces changemens n’arrivent point Ă  la suite de soudaines rĂ©volutions, de redoutables cataclysmes ; ils sont amenĂ©s par de lents et imperceptibles mouvemens du sol, par les variations pĂ©riodiques des mĂ©tĂ©ores, les immuables lois de la rotation du globe et de la pesanteur ; ils s’accomplissent en se succĂ©dant chaque jour d’une maniĂšre inapprĂ©ciable Ă  l’Ɠil nu, mais certaine. Par leur majestueuse lenteur, ils donnent un dĂ©menti Ă  ce que nos thĂ©ories gĂ©ologiques ont de brutal. Si fiers que nous soyons de notre science moderne, il faut avouer qu’elle diffĂšre assez peu des conceptions grossiĂšres de nos ancĂȘtres ; comme eux, nous avons le grand dĂ©faut des faibles, celui d’adorer la violence, et l’histoire de la terre n’est pour nous qu’une succession de terribles catastrophes. Autrefois on attribuait la formation de chaque langue de sable, de chaque Ă©boulis de montagne, de chaque dĂ©filĂ©, Ă  la verge de MoĂŻse, au marteau de Thor, Ă  la Durandal de Roland ; nous, moins poĂštes que nos pĂšres, mais non moins matĂ©rialistes qu’eux, nous voyons partout les traces de violentes convulsions, de luttes sauvages entre les forces indomptĂ©es du chaos. Pour expliquer tous les phĂ©nomĂšnes gĂ©ologiques, nous ne parlons de rien moins que de changemens de l’axe terrestre, de ruptures de la croĂ»te solide, d’effondremens gigantesques ; un grand savant, Halley, va mĂȘme jusqu’à attribuer la concavitĂ© du bassin de la Caspienne au choc d’une comĂšte Ă©garĂ©e. Ce n’est point ainsi que la nature procĂšde d’ordinaire ; elle est plus calme, plus rĂ©guliĂšre dans ses Ɠuvres, et, contenant sa force, opĂšre les changemens les plus grandioses Ă  l’insu des crĂ©atures. Elle soulĂšve les montagnes et dessĂšche les mers sans dĂ©ranger le vol des moucherons ; telle rĂ©volution qui nous semble avoir Ă©tĂ© produite comme par un coup de foudre a mis peut-ĂȘtre des milliers de siĂšcles Ă  s’accomplir. C’est que le temps appartient Ă  la terre elle renouvelle chaque annĂ©e, sans se hĂąter, sa parure de feuilles et de fleurs ; de mĂȘme elle rajeunit pendant le cours des Ăąges ses mers et ses continens, et les promĂšne lentement Ă  sa surface suivant des lois qui nous sont encore inconnues, mais que nous commençons Ă  entrevoir. GrĂące Ă  des Ă©tudes profondes comme celles de M. de Baer sur la Caspienne, nous pouvons espĂ©rer un jour de voir se dĂ©rouler devant nous l’ancienne histoire de la terre, non pas dans ses coups de théùtre gigantesques et ses bouleversemens terribles, mais dans sa vie de chaque jour et pour ainsi dire dans l’intimitĂ© mĂȘme de ses lentes Ă©volutions gĂ©ologiques. Nous apprendrons comment le plus simple phĂ©nomĂšne exerce son influence dans la distribution des continens et des mers, comment le moindre grain de sable accomplit sa petite Ɠuvre dans la grande Ɠuvre du globe. Toutes les manifestations de cette force vivante qui pĂ©nĂštre la terre auront un sens pour nous, et la statue si longtemps voilĂ©e de la grande Isis nous apparaĂźtra dans sa divine beautĂ© ! I. Il y a peu de siĂšcles encore, la Caspienne appartenait plus au domaine de la fable qu’à celui de la gĂ©ographie. On sait que presque tous les anciens, le grand Strabon lui-mĂȘme, prenaient la mer d’Hyrcanie pour un appendice de l’OcĂ©an-BorĂ©al, de la Mer-Noire, ou pour un prolongement du Golfe-Persique. Seuls, HĂ©rodote, Aristote, Diodore, PtolĂ©mĂ©e y voyaient une mer intĂ©rieure ; mais Aristote ne pouvait en expliquer l’isolement que par l’hypothĂšse de canaux souterrains qui dĂ©versaient le trop-plein des eaux dans la Mer-Noire. En plein XVIIe siĂšcle, le gĂ©ographe et voyageur hollandais Jean Struys adoptait encore cette idĂ©e et dessinait au centre de la Mer-Caspienne un tourbillon dans lequel devaient se perdre les eaux pour se rendre Ă  l’OcĂ©an par des gouffres secrets. L’antique mer d’Hyrcanie fut enfin enlevĂ©e Ă  la fable lorsque Pierre le Grand eut prĂ©sentĂ© Ă  l’AcadĂ©mie des sciences de Paris la carte dressĂ©e de 1710 Ă  1720 par le capitaine hollandais van Verden. Puis Vinrent Pallas, Gmelin, Eichwald et d’autres savans voyageurs Kolotkin, Karelin publiĂšrent leurs beaux atlas ; Humboldt Ă©crivit son livre si important de l’Asie centrale. Maintenant le gouvernement russe fait lever des cartes qui pourront servir de base certaine Ă  toutes les recherches ; en mĂȘme temps on sonde la profondeur des eaux, on en constate la salure, et sur les rochers des bords on trace des marques qui raconteront aux savans toutes les oscillations du niveau. Le fait le plus Ă©tonnant rĂ©vĂ©lĂ© par les explorateurs scientifiques est la dĂ©pression considĂ©rable des steppes de la Caspienne au-dessous des eaux de la Mer-Noire. De nombreuses observations baromĂ©triques, faites pendant le cours du siĂšcle dernier et au commencement du nĂŽtre, ont donnĂ© une diffĂ©rence de niveau de plus de 90 mĂštres entre les deux mers ; mais les nivellemens baromĂ©triques doivent ĂȘtre acceptĂ©s avec une extrĂȘme dĂ©fiance lorsqu’il s’agit de mesures aussi dĂ©licates. Le poids de l’air n’est pas le mĂȘme sur toutes les parties de la surface terrestre il change avec les diffĂ©rences de tempĂ©rature, la direction des courans atmosphĂ©riques, la forme et la hauteur des montagnes[1]. Il fallait donc attendre les rĂ©sultats d’un nivellement gĂ©odĂ©sique avant de pouvoir admettre comme un fait dĂ©sormais hors de doute la dĂ©pression des steppes caspiennes au-dessous de la hauteur moyenne de la Mer-Noire. Ce nivellement, exĂ©cutĂ© en 1837 par MM. Fuss, Sabler et Sawitch avec toutes les garanties dĂ©sirables d’exactitude, fixe le niveau de la Caspienne Ă  plus de 25 mĂštres en contre-bas de la Mer-Noire. Aujourd’hui ce chiffre est universellement acceptĂ© comme Ă  peu prĂšs irrĂ©vocable, et de rĂ©cens nivellemens trigonomĂ©triques opĂ©rĂ©s par le gĂ©nĂ©ral de Chodzko sur plusieurs points Ă  la fois, dans la Transcaucasie, entre le Don et le Volga, et directement Ă  travers la dĂ©pression ponto-caspienne, ont pleinement confirmĂ© le rĂ©sultat obtenu par les trois savans gĂ©omĂštres. Quant au nivellement vrai ou prĂ©tendu de M. Hommaire de Hell, d’aprĂšs lequel la diffĂ©rence de niveau serait de 12 mĂštres seulement, les savans russes le considĂšrent comme non avenu. Qu’on admette un instant l’existence des gouffres souterrains d’Aristote, et la Mer-Caspienne, se trouvant en communication avec la Mer-Noire, monterait tout Ă  coup de 25 mĂštres. Au sud, la chaĂźne de l’Elbourz ne lui permettrait de recouvrir qu’une Ă©troite lisiĂšre de cĂŽtes ; entre l’Elbourz et le Caucase, elle envahirait seulement le delta marĂ©cageux du Kour et de l’Araxe ; mais plus au nord, Ă  partir de l’embouchure du Terek, elle dĂ©roulerait ses flots du cĂŽtĂ© de l’ouest sur une immense Ă©tendue enveloppant de son nouveau rivage toute la vallĂ©e infĂ©rieure du Kouma et la dĂ©pression du Manytch jusqu’à une petite distance du seuil des deux mers, elle inonderait tout le bassin du Volga au-dessous de Saratov ; elle engloutirait les lacs d’Elton, de Baskouchok, tant d’autres lacs qu’elle avait oubliĂ©s jadis dans les steppes, et s’arrondirait au pied des collines calcaires du Turkestan jusqu’au-delĂ  de l’embouchure de l’Emba. Contenue par la ligne de hautes falaises qui bordent le plateau rocheux d’Oust-Ourt, la partie septentrionale de sa rive orientale ne gagnerait qu’une faible largeur sur le continent ; mais, plus au sud, la mer, refluant dans les golfes de Karaboghaz, de Balkhan, de Kbiva, envahirait le dĂ©sert de la Tartarie et reformerait une grande partie du dĂ©troit qui l’unissait jadis au lac d’Aral peut-ĂȘtre mĂȘme ne ferait-elle avec cette vaste nappe d’eau et les lacs environnans qu’une seule mĂ©diterranĂ©e, car l’élĂ©vation du niveau de l’Aral au-dessus de la Mer-Noire, Ă©lĂ©vation qui, d’aprĂšs les observations baromĂ©triques de M. Struve en 1858, serait d’environ 7 mĂštres et 1/2, pourrait fort bien n’ĂȘtre pas confirmĂ©e par les nivellemens gĂ©odĂ©siques. Humboldt a dĂ©signĂ© sous le nom de concavitĂ© du bassin caspien cette Ă©norme Ă©tendue de terrain, comparable Ă  la superficie de la France, que la Caspienne recouvrirait de ses ondes, si elle remontait soudain au niveau de la Mer-Noire. Il est impossible de sĂ©parer l’étude de ce bassin dessĂ©chĂ© et celle de la dĂ©pression que remplissent encore les eaux ; bien que les plaines d’Astrakhan soient aujourd’hui transformĂ©es en terre ferme, leur histoire ne se confond pas moins avec l’histoire de la Caspienne. Certes ces plaines basses n’ont rien de pittoresque elles ne peuvent se comparer au rivage du MazandĂ©ran, oĂč les plages ombragĂ©es de palmiers, les collines verdoyantes et les lointains horizons bleuĂątres que domine le cĂŽne du Demawend forment une succession d’admirables paysages ; elles n’offrent qu’un spectacle ennuyeux Ă  ceux qui ont pu voir les monts du Caucase Ă©talant au-dessus des eaux leurs larges terrasses de verdure, ou le dĂ©filĂ© des Portes-de-Derbend gardĂ© par sa ville bĂątie en amphithéùtre et semblable Ă  une pyramide aux gigantesques degrĂ©s de pierre ; mais, quelles que soient la dĂ©solation et l’uniformitĂ© des steppes, c’est lĂ  que les voyageurs ont pu le mieux lire sur le sol l’histoire rĂ©cente de la Russie mĂ©ridionale. Les montagnes nous parlent d’un passĂ© trop lointain, leurs cimes superbes se dressent, pour ainsi dire, au-delĂ  des temps ; les empreintes gravĂ©es sur leurs assises de rochers tĂ©moignent de tant de changemens et de rĂ©volutions qu’en les Ă©tudiant l’esprit reste souvent confondu. Plus modestes, offrant moins de problĂšmes Ă  rĂ©soudre, les steppes sont aussi plus faciles Ă  explorer ; leur surface, nivelĂ©e graduellement par les eaux, raconte clairement au gĂ©ologue l’Ɠuvre de l’OcĂ©an. Les Russes divisent, suivant la nature du sol, les plaines de la Mer-Caspienne en steppes de sable ou d’argile, en steppes rocheux et en steppes salins. Les premiers forment la plus grande partie du bassin occidental de la Caspienne ; les steppes rocheux s’étendent Ă  l’est dans la direction de la Tartarie ; les plaines salines occupent une Ă©tendue considĂ©rable entre le cours du Volga et celui de l’Oural. En gĂ©nĂ©ral, tous ces steppes mĂ©riteraient presque le nom de dĂ©sert ils ne comprennent point de magnifiques prairies comme les steppes du Dnieper et du Don, et leurs pĂąturages occupent une zone trĂšs limitĂ©e, Ă  une assez grande distance au nord du rivage actuel de la mer. Quand les sauterelles s’y abattent, ce qui arrive assez frĂ©quemment, il n’y reste pas une herbe, et les roseaux des marĂ©cages sont rongĂ©s jusqu’au niveau mĂȘme de l’eau. On sait combien est sinistre d’aspect la surface des steppes au milieu de l’hiver, alors que tout est cachĂ© sous la neige et que le vent glacial soulĂšve cette blanche mer en flots et en tourbillons ; mais, dans la saison la plus joyeuse de l’annĂ©e, l’immense Ă©tendue de sable blanc et d’argile rougeĂątre, oĂč croissent çà et lĂ  des armoises et des euphorbes aux feuilles de teintes sombres, offre aussi un aspect effrayant. Le terrain que l’on traverse en char au grand galop des chevaux apparaĂźt comme une nappe couleur de feu rayĂ©e de longues lignes grises. De distance en distance, on traverse pĂ©niblement un ravin creusĂ© dans le sol par les eaux torrentielles des orages, puis on contourne quelque marĂ©cage aux eaux blanchĂątres et floconneuses entrevues Ă  travers une forĂȘt de roseaux. Dans le lointain, une lisiĂšre de salicornes rouges de sang rĂ©vĂšle une mare saline, et tout Ă  fait Ă  l’extrĂȘme horizon des nuages pesans, Ă©tages en longues assises, indiquent le rivage de la mer. Le sol rĂ©percute une intolĂ©rable chaleur. En mĂȘme temps la brise, attirĂ©e comme par un foyer d’appel sur la surface brĂ»lante des steppes, soulĂšve devant elle des tourbillons de poussiĂšre ; Ă  cĂŽtĂ© du char, on voit des dĂ©bris de plantes dessĂ©chĂ©es bondir Ă©trangement par milliers et par millions ; roulĂ©s en boules par le vent, ces coureurs des steppes luttent de vitesse en rasant la terre, et se pourchassent furieusement en faisant des sauts de plusieurs mĂštres on dirait des ĂȘtres vivans entraĂźnĂ©s dans quelque course dĂ©moniaque. À la fin de chaque Ă©tape, on s’arrĂȘte un instant devant une misĂ©rable cabane Ă  demi enterrĂ©e dans le sable. On entrevoit une figure humaine aux yeux hagards, aux cheveux en dĂ©sordre, puis on repart comme un trait pour s’enfoncer de nouveau dans le dĂ©sert. Rarement on distingue dans le lointain les kibitkas de feutre des Kalmouks ou des Kirghizes ; souvent on parcourt des centaines de lieues sans voir d’autres traces du passage de l’homme que les orniĂšres laissĂ©es par les roues dans l’argile durcie. La plus grande largeur du steppe caspien, de Kamychin sur le Volga Ă  Gouriev, prĂšs de l’embouchure de l’Oural, dĂ©passe 600 kilomĂštres. La pente de la plaine, qui est de 25 mĂštres seulement pour cette Ă©norme distance, se continue au-dessous de la surface des eaux d’une maniĂšre Ă  peine plus sensible on pourrait s’avancer dans les flots jusqu’à plusieurs lieues du rivage sans courir le risque d’ĂȘtre englouti. Il en est ainsi sur tous les bords de la Caspienne septentrionale partout les cĂŽtes sont basses, partout la mer se prĂ©sente comme un vĂ©ritable steppe inondĂ© qu’une soudaine baisse de niveau transformerait en plaines semblables Ă  celles d’Astrakhan. Le bassin maritime auquel s’applique cette observation est trois ou quatre fois plus Ă©tendu que la mer d’Azof ; mais nulle part la profondeur ne dĂ©passe 15 ou 16 mĂštres ; des bancs de sable trĂšs nombreux y rendent la navigation difficile ou mĂȘme complĂštement impossible, et les fleuves qui s’y dĂ©versent, le Terek, le Volga, l’Oural, l’Emba, travaillent sans relĂąche Ă  le combler de leurs alluvions on pourrait lui donner le nom de mer des steppes. Au sud de ce grand marĂ©cage, qui est la simple continuation des steppes, et dont l’axe est dirigĂ© du sud-ouest au nord-est, parallĂšlement aux plaines d’Astrakhan, commence la vĂ©ritable Caspienne. Elle se compose de deux bassins que la pĂ©ninsule d’ApchĂ©ron ou de Bakou sĂ©pare l’un de l’autre. Ce prolongement du Caucase s’avance trĂšs loin dans la mer et projette une longue pointe de bancs de sable qui vont Ă  la rencontre d’autres bas-fonds enracinĂ©s sur la rive orientale ; d’aprĂšs la tradition locale, on pouvait autrefois se rendre Ă  pied sec de Bakou aux steppes de la Tartarie, et les sillons creusĂ©s par les pluies dans le sol argileux de la pĂ©ninsule sont considĂ©rĂ©s comme d’anciennes orniĂšres de chars. Ces assertions n’ont rien de fondĂ© ; mais il est certain qu’un seuil sous-marin s’étend d’une rive Ă  l’autre. On n’a pas encore exĂ©cutĂ© un assez grand nombre de sondages pour que la profondeur moyenne des deux bassins soit bien connue. M. de Baer pense que la dĂ©pression la plus considĂ©rable de toute la Caspienne doit se trouver au nord de la pĂ©ninsule d’ApchĂ©ron, Ă  peu prĂšs sous la latitude de Derbend et Ă  une soixantaine de kilomĂštres du rivage ; cependant, en raisonnant par analogie, on serait amenĂ© Ă  croire que le bassin mĂ©ridional est le plus profond des deux, car il est plus large, et une abrupte chaĂźne de montagnes le domine en partie. Les sondages sembleraient confirmer cette opinion. M. de Baer lui-mĂȘme, jetant la sonde Ă  quarante-deux milles de la cĂŽte d’Asterabad, n’a pu trouver le fond avec une corde verticale de 540 mĂštres ; depuis, on aurait opĂ©rĂ© prĂšs du mĂȘme endroit un sondage de prĂšs de 900 mĂštres. Ainsi la Mer-Caspienne se divise en trois parties distinctes celle du nord, considĂ©rable seulement par sa superficie, est trĂšs peu profonde, et contient un volume d’eau beaucoup moindre que chacun des deux autres bassins. Ceux-ci se ressemblent par la profondeur de leurs eaux et par les traits physiques de leurs rivages ; mais ils appartiennent Ă  deux zones climatĂ©riques bien diffĂ©rentes. Au nord du Caucase, c’est-Ă -dire autour du bassin central et de la mer des steppes, les tempĂ©ratures sont extrĂȘmes[2]. En Ă©tĂ©, la chaleur est redoutable ; en hiver, les eaux sont ridĂ©es par le souffle de l’OcĂ©an-Glacial, qui parcourt librement toutes les plaines de la Russie, tandis que l’énorme muraille du Caucase arrĂȘte au passage les vents chauds du sud et du sud-ouest. Cette mĂȘme chaĂźne sert de rempart protecteur au bassin mĂ©ridional, et dĂ©tourne en grande partie le cours des vents glacĂ©s du nord. Ceux qui continuent Ă  se diriger vers le fond du golfe rencontrent en chemin les vents contraires venus des plateaux du Khorassan. Il en rĂ©sulte un conflit qui neutralise les extrĂȘmes de tempĂ©rature et force l’atmosphĂšre Ă  livrer les torrens d’humiditĂ© qu’elle renferme. Ainsi les rivages persans de la Caspienne sont Ă  la fois garantis des rigueurs du froid et abondamment arrosĂ©s par les pluies du ciel. Leur vĂ©gĂ©tation offre un merveilleux contraste avec celle des steppes d’Astrakhan, oĂč l’on ne peut cultiver la vigne qu’à la condition d’enterrer les ceps Ă  1 mĂštre et demi de prolbndem’pendant toute la durĂ©e de l’hiver. La salure des eaux est trĂšs inĂ©gale dans les diverses parties de la Caspienne. Au nord de la pĂ©ninsule d’Agrakhan, le Terek, l’Oural et surtout le Volga apportent Ă  la mer une Ă©norme quantitĂ© d’eau douce, si bien que la salure totale est seulement de 15 Ă  16 dix-milliĂšmes, et que, dans plusieurs stations de poste oĂč manquent les sources, on boit l’eau de la mer sans rĂ©pugnance et sans danger. Entre l’embouchure du Volga et celle de l’Oural, l’eau est Ă  peu prĂšs douce tout le long des rivages, tant que la sonde n’a pas atteint 4 mĂštres de profondeur. Les deux bassins du centre et du midi renferment au contraire une eau tout Ă  fait salĂ©e. Ce contraste a donnĂ© lieu Ă  d’incessantes discussions, depuis Pline et Quinte-Curce jusqu’à M. Hommaire de Hell. M. de Baer, au lieu d’ajouter une opinion de plus Ă  tant de vaines opinions, a tranchĂ© la question par des expĂ©riences directes. Il a puisĂ© de l’eau dans toutes les parties de la Caspienne, prĂšs des bouches du Volga, au milieu du bassin central, dans les golfes de la cĂŽte orientale, non loin d’Asterabad, puis il a dosĂ© la quantitĂ© de sel contenue dans les divers Ă©chantillons. C’est prĂšs du haut promontoire de Tchuk-Karaghan, sur la cĂŽte orientale, que M. de Baer croit avoir trouvĂ© le degrĂ© de salure moyenne. A cĂŽtĂ© du cap, en effet, passe un courant assez rapide dans lequel sont parfaitement mĂ©langĂ©es les eaux du bassin central et celles de la mer des steppes. Le sel marin contenu dans ce courant ne dĂ©passe pas 9 milliĂšmes c’est une salure deux fois moindre que celle des eaux de l’OcĂ©an-Atlantique. Mais la saturation de la Mer-Caspienne diminue-t-elle pendant le cours des siĂšcles, ou bien est-elle au contraire dans une pĂ©riode d’accroissement ? Un voyageur allemand, M. Eichwald[3], admet l’augmentation de salure comme une chose Ă©vidente. Au premier abord, son assertion doit sembler parfaitement fondĂ©e, puisque le terrain des steppes abandonne peu Ă  peu le sel qu’il contient. Les pluies et les eaux de neige, en pĂ©nĂ©trant Ă  travers la couche superficielle de sable, entraĂźnent les particules salines et les concentrent dans le sous-sol argileux. Partout oĂč se creusent les ravins si nombreux des steppes, les argiles salines sont dĂ©layĂ©es par les eaux, et vont Ă  leur tour porter leur sel, soit directement Ă  la mer, soit dans un lac, un Ă©tang ou quelque ancien lit de riviĂšre. On peut facilement observer ce fait dans les limans, canaux Ă©troits qui se ramifient Ă  travers le sol des steppes, Ă  l’ouest des bouches du Volga. Aussi longtemps qu’ils restent en communication avec le courant du fleuve ou les eaux marines trĂšs douces de ces parages, ils sont remplis d’une eau parfaitement potable ; mais que, par une cause quelconque, la communication vienne Ă  ĂȘtre interrompue, les limans se transforment graduellement en lacs salĂ©s. En dĂ©layant les petites falaises d’argile dont ils baignent la base, ils se saturent de plus en plus de particules salines ; puis, lorsqu’ils s’ouvrent de nouveau une issue vers la mer, ils lui portent le tribut de sel qu’ils ont recueilli, molĂ©cule Ă  molĂ©cule, dans le steppe. De mĂȘme les fleuves dissolvent le sel que contiennent leurs rives, et lors de la fonte des neiges ou pendant les fortes pluies d’automne, de nombreuses ravines dĂ©versent dans la mer les eaux des lacs salĂ©s. Toutes ces causes, semble-t-il, doivent concentrer dans le bassin de la Caspienne une quantitĂ© de sel toujours croissante, et donner Ă  ses eaux une teneur plus considĂ©rable. Cependant M. de Baer ne croit pas Ă  l’augmentation du degrĂ© de salure dans les eaux de la Caspienne, et, d’aprĂšs lui, si la proportion du sel subit une modification quelconque, il faudrait plutĂŽt admettre une diminution qu’un accroissement. Évidemment l’étude scientifique de la Caspienne est d’origine trop rĂ©cente pour que des analyses dignes de foi puissent fournir des Ă©lĂ©mens de comparaison ; mais l’examen du sol que recouvraient autrefois les eaux supplĂ©e en partie aux observations directes. Dans ces plaines abandonnĂ©es par la mer, on rencontre çà et lĂ  des bancs considĂ©rables de coquillages identiquement semblables Ă  ceux qui habitent aujourd’hui la Caspienne. Les dimensions de ces coquillages, toujours proportionnelles Ă  la quantitĂ© de sel contenue dans les eaux qu’ils peuplaient, doivent indiquer la salure des anciennes mers, et donner ainsi un point de comparaison. Or les coquilles qu’on ramasse dans le voisinage du lac d’Elton, Ă  plus de 350 kilomĂštres du rivage actuel de la mer, sont aussi grosses que celles des mollusques vivant de nos jours en pleine mer, Ă  100 kilomĂštres de l’embouchure du Volga. PrĂšs d’Astrakhan, oĂč les eaux de la mer, mĂ©langĂ©es Ă  celles du fleuve, devaient ĂȘtre comparativement douces, les coquillages laissĂ©s par le retrait de la mer indiquent un degrĂ© de salure semblable Ă  celui des eaux du cap Tchuk-Karaghan et du bassin central lui-mĂȘme. Bien plus, dans les environs de Bakou, sur les flancs des collines qui dominent les flots, on recueille au milieu des rochers des coquilles de mollusques beaucoup plus fortes que celles des mollusques de mĂȘme espĂšce nageant aujourd’hui dans la mer Ă  quelques dizaines de mĂštres plus bas. Ce fait suffirait Ă  lui seul pour crĂ©er une forte prĂ©somption en faveur de l’hypothĂšse de M. de Baer sur la dĂ©croissance de la salure dans les eaux de la Caspienne[4]. Mais comment cette dĂ©croissance est-elle possible ? comment le sel apportĂ© par les fleuves et les ruisseaux des steppes peut-il sortir du vaste bassin qui l’a reçu, se sĂ©parer de l’eau marine avec laquelle il s’est mĂ©langĂ© ? Rien de plus simple par le mouvement rĂ©gulier de ses flots, la mer crĂ©e sur une grande partie de ses rivages des lagunes oĂč elle enferme ses eaux pour les saturer lentement de sel, et maintenir ainsi sa puretĂ© relative. Devant chaque baie de la Caspienne, l’action des vagues enracine d’abord deux langues de sable aux deux pointes qui gardent l’entrĂ©e, puis elle prolonge graduellement ces deux levĂ©es et rapproche l’une de l’autre leurs deux extrĂ©mitĂ©s libres, de maniĂšre Ă  leur faire dĂ©crire un grand arc de cercle dont la convexitĂ© est tournĂ©e vers le rivage. En mĂȘme temps elle les Ă©lĂšve au-dessus du niveau ordinaire des eaux, et, aprĂšs une pĂ©riode de temps plus ou moins longue, la mer ne communique plus avec l’intĂ©rieur de la lagune que par un Ă©troit canal. L’évaporation, trĂšs active dans ces parages qu’avoisine le brĂ»lant dĂ©sert, fait constamment baisser le niveau des bassins, et l’eau de mer, chargĂ©e de sel, doit affluer sans relĂąche pour rĂ©tablir l’équilibre ; il se forme ainsi de vĂ©ritables magasins de sel incessamment enrichis par l’apport des eaux marines. Lorsque, aprĂšs de fortes tempĂȘtes ou de longues sĂ©cheresses, le dĂ©troit qui faisait communiquer la mer et la lagune vient enfin Ă  se fermer, la nappe d’eau, complĂštement isolĂ©e, diminue rapidement de superficie ou mĂȘme se laisse boire par l’atmosphĂšre, et il ne reste plus d’elle qu’une couche de sel plus ou moins Ă©paisse, formĂ©e aux dĂ©pens de la mer. C’est ainsi que les lagunes reprennent Ă  la Caspienne le sel que les fleuves des steppes lui avaient apportĂ©. Toute la question est de savoir s’il y a Ă©galitĂ© entre la recette et la dĂ©pense, ou bien si, conformĂ©ment Ă  la thĂ©orie de M. de Baer, la dĂ©perdition de sel est plus considĂ©rable que le gain. Une longue sĂ©rie d’observations rigoureuses pourra seule rĂ©soudre ce problĂšme. On peut Ă©tudier la formation de ces rĂ©servoirs salins sur tout le pourtour de la Caspienne. Pendant un sĂ©jour de plusieurs mois Ă  la citadelle de Novo-Petrovsk, qui domine le meilleur port de la rive orientale, non loin du cap Tchuk-Karaghan, M. de Baer utilisait ses loisire en visitant les restes d’une ancienne baie, aujourd’hui divisĂ©e en un grand nombre de bassins qui prĂ©sentent tous les degrĂ©s de concentration saline. L’un reçoit encore de temps en temps les eaux de la mer et n’a dĂ©posĂ© sur ses bords qu’une trĂšs mince couche de sel ; un deuxiĂšme, Ă©galement rempli d’eau, a le fond cachĂ© par une Ă©paisse croĂ»te de cristaux roses semblable Ă  un pavĂ© de marbre ; un troisiĂšme offre une masse compacte de sel oĂč brillent çà et lĂ  des flaques d’eau situĂ©es Ă  plus d’un mĂštre au-dessous du niveau de la mer ; un autre enfin a perdu par l’évaporation toute l’eau qui le remplissait jadis, et les strates de sel qui en tapissent le fond sont en partie recouvertes par les sables. Il en est de mĂȘme plus au sud, dans les environs de la baie d’Alexandre. Une crique profonde se sĂ©pare de la mer ; le Karakul, autre crique dĂ©jĂ  complĂštement isolĂ©e, se change en saline, tandis qu’une troisiĂšme, l’Achtchi-SaĂŻ, dont le niveau se trouve Ă  15 mĂštres en contre-bas de la Caspienne, est un rĂ©servoir de sel presque inĂ©puisable. De ces milliers de baies et de lagunes oĂč s’emmagasinent les sels de la Caspienne, aucune n’est plus remarquable que le Karaboghaz, espĂšce de mer intĂ©rieure qui rĂ©unissait probablement la mer d’Hyrcanie au lac d’Aral, et dans lequel se jetait peut-ĂȘtre l’Oxus lorsqu’il Ă©tait encore tributaire de la Caspienne. Le Karaboghaz, Ă  peine indiquĂ© sur la plupart des cartes, couvre cependant une surface trĂšs considĂ©rable et s’étend dans l’intĂ©rieur des terres jusqu’à prĂšs d’un tiers de la distance qui sĂ©pare le rivage oriental de la Mer-Caspienne d’une baie projetĂ©e par l’Aral dans la direction du sud-ouest. Cet immense golfe communique avec la mer par une bouche Ă©troite qui, dans sa partie la plus resserrĂ©e, a de 140 Ă  150 mĂštres de largeur. Le chenal, que gardent des rĂ©cifs de calcaire coquillier, offre une profondeur de 7 mĂštres ; mais le fond se relĂšve graduellement vers l’intĂ©rieur du bassin, et forme une large barre dont la partie la plus profonde est Ă  cinq pieds au-dessous de la surface ; les bateaux Ă  fond plat peuvent seuls franchir l’entrĂ©e. Un courant venu de la haute mer se porte toujours Ă  travers le dĂ©troit avec une rapiditĂ© de trois nƓuds Ă  l’heure. Les vents d’ouest l’accĂ©lĂšrent, les vents qui souillent dans une direction opposĂ©e le retardent, mais jamais il ne coule avec une vitesse moindre d’un nƓud et demi. Tous les navigateurs de la Caspienne, tous les TurkmĂšnes nomades qui errent sur ses bords, ont Ă©tĂ© frappĂ©s de la marche inflexible, inexorable de ce fleuve d’eau salĂ©e roulant, Ă  travers les noirs Ă©cueils, vers un golfe oĂč rĂ©cemment encore n’avaient jamais osĂ© se hasarder les embarcations. Que peut ĂȘtre cette mer intĂ©rieure, sinon un abĂźme, un gouffre noir, ainsi que le dit le nom de Karaboghaz, oĂč plongent les eaux de la Caspienne pour se rendre dans le Golfe-Persique ou dans la Mer-Noire par des canaux souterrains ? Peut-ĂȘtre est-ce Ă  de vagues rumeurs sur l’existence du Karaboghaz qu’il faut attribuer les assertions d’Aristote au sujet de ces Ă©tranges gouffres de la Mer-Noire oĂč venaient bouillonner les eaux de la mer d’Hyrcanie aprĂšs avoir coulĂ© pendant des centaines de lieues dans les rĂ©gions des enfers. L’existence de ce courant, qui porte les flots salĂ©s de la Caspienne au vaste golfe de Karaboghaz, s’explique aujourd’hui de la maniĂšre la plus satisfaisante. Dans ce bassin exposĂ© Ă  tous les vents et Ă  des chaleurs estivales trĂšs intenses, l’évaporation est considĂ©rable, la nappe d’eau s’amincit constamment, et le dĂ©ficit ne peut ĂȘtre rĂ©parĂ© que par des afflux d’eau continuels. Des recherches, trĂšs faciles Ă  Ă©tablir dans le chenal Ă©troit et peu profond du Karaboghaz, n’ont pu faire constater l’existence d’un contre-courant sous-marin ramenant Ă  la Caspienne les eaux plus salĂ©es du golfe il est donc trĂšs probable que ce bassin intĂ©rieur ne rend qu’à l’atmosphĂšre l’eau apportĂ©e par le courant caspien ; mais en laissant Ă©vaporer ses eaux, l’immense marais garde le sel il le concentre, il s’en sature chaque jour davantage. DĂ©jĂ , dit-on, aucun animal ne peut y vivre; les phoques, qui le visitaient autrefois, ne s’y montrent plus aujourd’hui; les rivages mĂȘmes sont dĂ©pourvus de toute vĂ©gĂ©tation. Des couches de sel commencent Ă  se dĂ©poser sur la vase du fond, et la sonde, Ă  peine retirĂ©e de l’eau, se recouvre de cristaux salins. M. de Baer a voulu calculer approximativement la quantitĂ© de sel dont s’appauvrissait chaque jour la Caspienne au profit du Gouffre-Noir. En ne prenant que les chiffres les moins Ă©levĂ©s pour le degrĂ© de salure des eaux caspiennes, la largeur et la profondeur du dĂ©troit, la vitesse du courant, il a prouvĂ© que le Karaboghaz reçoit chaque jour 350,000 tonnes de sel, c’est-Ă -dire autant qu’on en consomme dans tout l’empire russe pendant six mois. Qu’à la suite de tempĂȘtes violentes ou par une lente action de la mer la barre se ferme entre la Caspienne et le Karaboghaz, celui-ci diminuera promptement d’étendue, ses bords se transformeront en immenses champs de sel, et la nappe d’eau qui restera au centre du bassin ne sera plus qu’un marĂ©cage. Peut-ĂȘtre mĂȘme disparaĂźtra-t-elle en entier comme cette mer qui se trouvait entre le lac Elton et le fleuve Oural, et dont l’ancienne existence est rĂ©vĂ©lĂ©e seulement par une dĂ©pression de 21 mĂštres au-dessous du niveau de la Caspienne, de 46 mĂštres au-dessous de la Mer-Noire. Ce n’est pas uniquement dans les golfes Ă  Ă©troites embouchures que la Caspienne se crĂ©e des rĂ©servoirs salins. La baie de MertvoĂŻ-Kultuk, qui occupe en entier l’extrĂ©mitĂ© orientale du bassin septentrional, est aussi une grande nappe d’évaporation oĂč le sel s’accumule sans cesse. Cette vaste baie, que des promontoires sablonneux et des bas-fonds sĂ©parent en partie de la mer, ne reçoit pas un seul affluent digne de ce nom, et l’évaporation complĂšte de ses eaux, dĂ©jĂ  bien plus basses que celles de la Caspienne, ne peut ĂȘtre prĂ©venue que par l’afflux continuel d’un courant parti de la haute mer. Tout en apportant son tribut de flots salĂ©s, ce courant, aidĂ© par les brises de terre qui entraĂźnent en tourbillons le sable des steppes et le dĂ©posent au milieu de la baie, Ă©lĂšve constamment la digue des bas-fonds et travaille Ă  l’isolement du MertvoĂŻ-Kultuk, Ă  sa transformation en un immense marais salant. Bien avant toutefois que cette baie soit sĂ©parĂ©e du reste de la Caspienne, un bras qu’elle projette au loin dans l’intĂ©rieur des terres sera changĂ© en un lac de sel. Ce bras de mer, auquel les cartes donnent le nom de Karasu eau noire, mais qui porte en rĂ©alitĂ© celui de KaĂŻdak, remplit une longue et profonde fissure, dominĂ©e par des rochers abrupts et semblable Ă  un fiord norvĂ©gien. Au XVIe siĂšcle, lorsque les tribus des steppes n’étaient pas encore privĂ©es de toute initiative par le despotisme russe, c’était sur les bords du Karasu que se trouvait le grand marchĂ© oĂč s’opĂ©raient les Ă©changes entre Khiva et la Moscovie. Alors la barre qui sĂ©pare ce fiord du MertvoĂŻ-Kultuk Ă©tait facile Ă  franchir ; elle est aujourd’hui presque inaccessible aux embarcations du plus faible tirant d’eau, et le gouvernement russe a Ă©tĂ© obligĂ© en 1843 d’abandonner la forteresse, d’ailleurs parfaitement inutile, de Novo-Alexandrovsk, qu’il avait construite en 1826 sur le rivage oriental du Karasu. La salure de MertvoĂŻ-Kultuk est dĂ©jĂ  deux fois plus forte que celle du bassin central de la Caspienne ; celle du Karasu est presque quadruple et dĂ©passe mĂȘme celle du golfe de Suez, la plus salĂ©e de toutes les mers qui communiquent avec l’OcĂ©an. La proportion du sel marin s’élĂšve dans le Karasu Ă  prĂšs de 4 centiĂšmes, et tous les sels rĂ©unis forment environ les 57 milliĂšmes de l’eau ; c’est dire que la vie animale doit y ĂȘtre presque complĂštement ou tout Ă  fait supprimĂ©e. Ainsi la Mer-Caspienne travaille sans cesse Ă  diminuer de surface en dĂ©tachant de son sein les baies et les golfes qui dĂ©coupent ses rivages. Comme un arbre qui laisse tomber ses fruits sur le sol, elle Ă©parpille dans le steppe des lacs et des Ă©tangs. Bien plus, non contente de crĂ©er sur ses cĂŽtes, et aux dĂ©pens de sa propre Ă©tendue, des rĂ©servoirs d’eau salĂ©e, elle transforme en rĂ©servoirs de mĂȘme espĂšce jusqu’aux Ăźles qu’elle entoure de ses eaux. L’üle de Kulali, situĂ©e entre le bassin septentrional et le bassin central de la Caspienne, non loin du cap Tchuk-Karaghan, est un exemple remarquable de ce travail de la mer. ÉtalĂ©e sur les eaux en forme de cimeterre, elle se compose de deux levĂ©es de sable parallĂšles renfermant une sĂ©rie de lagunes oĂč l’eau marine se sature et s’évapore. Pendant les tempĂȘtes, les vagues bondissent par-dessus les cordons littoraux, apportant de nouvelles quantitĂ©s de sel Ă  concentrer; puis la chaleur vaporise l’humiditĂ© des lagunes, et il ne reste bientĂŽt plus que des couches de cristaux. II. Il serait facile d’expliquer l’assĂšchement graduel des cĂŽtes basses et la formation des lagunes salĂ©es sur les bords de la Caspienne, si l’on admettait une diminution constante des eaux dans cette mer intĂ©rieure. Plusieurs gĂ©ographes, qui se sont faits les dĂ©fenseurs de cette hypothĂšse, citent Ă  l’appui de leurs argumens les Ăźles et les pĂ©ninsules Ă©mergĂ©es dans les parages de Bakou; mais jusqu’à nouvel ordre ces Ă©mersions peuvent ĂȘtre attribuĂ©es aux forces purement locales qui font onduler et ployer l’écorce de la terre dans cette partie des rĂ©gions caucasiques. Les oscillations diverses constatĂ©es sur le bord de la mer, prĂšs de Bakou, ne tĂ©moignent pas en faveur d’une dĂ©nivellation de la Caspienne plus que les immersions et les Ă©mersions frĂ©quentes du temple de SĂ©rapis Ă  PƓstum ne prouvent un changement de niveau dans la MĂ©diterranĂ©e. Il n’est pas un rĂ©cit de voyage qui ne parle de l’activitĂ© extraordinaire des forces volcaniques Ă  l’Ɠuvre sous le sol de Bakou, et rĂ©cemment encore on vu dans ces parages surgir brusquement un Ăźlot. Les touristes, aussi bien que les gĂ©ographes, parlent des abondantes sources de naphte, de ce temple du Feu oĂč les GuĂšbres entretiennent une flamme Ă©ternelle, de ces incendies de gaz qu’allume une Ă©tincelle, de ces manteaux de lumiĂšre qui, pendant les nuits orageuses, Ă©tendent leurs replis phosphorescens sur les lianes des montagnes. Au milieu mĂȘme de la mer sourdent des ruisseaux de naphte en faisant bouillonner les flots et en rĂ©pandant au loin sur la surface des vagues une lĂ©gĂšre pellicule irisĂ©e. Il suffit de jeter sur la source une Ă©toupe enflammĂ©e pour que le gaz s’allume et qu’un vaste incendie propage ses flots de lumiĂšre sur la nappe des eaux. Quelles richesses enfouies dans cette terre qui en laisse Ă©chapper le trop-plein avec une telle abondance ! Chaque annĂ©e, on puise dans le sol plus de 1, 500 tonnes de naphte liquide ; mais les torrens de gaz, qui pourraient ĂȘtre d’une si grande utilitĂ© industrielle, s’échappent librement dans l’air. Quelques chaulburniers seulement s’en servent comme de combustible. En 1856, l’amiral russe de la station de Bakou fit construire sur l’ülot de SwoetoĂŻ un phare qui devait ĂȘtre alimentĂ© de gaz lumineux par les foyers souterrains. À la vue de ce phare, M. de Baer sentit son cƓur se gonfler d’orgueil patriotique. Que diront nos amis de fraĂźche date, s’écrie-t-il, que diront les habitans d’Albion, eux qui voient dans l’industrie la mesure de tout progrĂšs et qui jugent de la civilisation par la soif sacrĂ©e de l’or ? PrĂ©tendront-ils encore que la Russie est inactive dans la grande Ɠuvre de l’humanitĂ© ? » Malheureusement pour la gloire de la Russie, Ă  peine l’étoile de feu avait-elle commencĂ© Ă  briller, que le phare fut renversĂ© par une explosion soudaine. Si l’abaissement gĂ©nĂ©ral du niveau de la Caspienne est une de ces hypothĂšses qu’il est inutile de discuter parce que les observations locales ne sont pas encore assez nombreuses, Ă  bien plus forte raison est-il oiseux de s’arrĂȘter Ă  cette supposition dont parle Humboldt, et d’aprĂšs laquelle la Mer-Caspienne Ă©prouverait une succession de crues et de retraits correspondant Ă  une pĂ©riode de vingt-cinq Ă  trente-quatre ans. Avant de se prononcer, il faut d’abord Ă©tablir des points de repĂšre sur tous les rivages, Ă©tudier tous les changemens qui s’opĂšrent dans la forme et la direction des cordons littoraux, constater si les flots n’empiĂštent pas sur les terres en certains endroits, mesurer le progrĂšs de tous les atterrissemens, distinguer dans toutes les conquĂȘtes de la terre sur la mer la part qui revient Ă  l’action continue des vagues, aux apports des sables par le vent, aux alluvions des fleuves. BientĂŽt ce dernier Ă©lĂ©ment du problĂšme sera rĂ©solu, et, grĂące aux cartes excellentes qui se publient aujourd’hui, on pourra sans aucun doute dĂ©terminer exactement de combien les deltas des fleuves empiĂštent chaque annĂ©e sur la Caspienne. Les Ă©normes saillies du rivage qui marquent les embouchures du Volga, du Terek et du Kour prouvent que ce progrĂšs annuel des terres doit ĂȘtre fort considĂ©rable, ainsi que les tĂ©moignages historiques s’accordent Ă  l’affirmer. Le majestueux Volga, le plus grand fleuve de l’Europe, se distingue entre tous les fleuves de la Russie mĂ©ridionale par le volume des apports que ses nombreuses bouches jettent dans la Caspienne. Son delta est un labyrinthe, un dĂ©dale de riviĂšres, de fausses riviĂšres, de canaux, de marigots, de simples fossĂ©s, les uns obstruĂ©s par des bancs de sable, les autres communiquant librement avec la Caspienne, tous serpentant dans un immense lit de boue qui n’est plus la terre et qui n’est pas encore la mer. L’eau du fleuve n’est que de la vase liquide, si bien que les pĂȘcheurs russes n’ont aucune expression pour en indiquer la transparence ; elle est pour eux rouge ou blanche selon la plus ou moins grande quantitĂ© de molĂ©cules argileuses ou de craie dĂ©layĂ©e qui la saturent. Toutes ces matiĂšres en suspension vont se dĂ©poser en Ăźles, en Ăźlots, en bancs de vase, jusqu’à une grande distance dans l’intĂ©rieur de la mer. Des barres, ayant toutes moins de 2 mĂštres 1/2 de profondeur, obstruent les embouchures ; les troubles produits par le courant, tantĂŽt d’un cĂŽtĂ©, tantĂŽt de l’autre, modifient sans cesse la direction du chenal et obligent les marins Ă  faire constamment de nouveaux sondages. Les grands navires n’osent se hasarder sur la barre, et maintenant le port d’Astrakhan, situĂ© prĂšs de l’origine du delta, Ă  80 kilomĂštres de la mer, n’est plus un port maritime. Les atterrissemens du Terek n’envahissent la Caspienne guĂšre moins rapidement que ceux du Volga, et forment un Ă©norme delta qui dĂ©passe 100 kilomĂštres de large. Une pĂȘcherie, situĂ©e il y a trente ans Ă  l’extrĂ©mitĂ© d’une presqu’üle maritime, se trouve aujourd’hui Ă  15 kilomĂštres dans l’intĂ©rieur des terres, et l’on prĂ©voit dĂ©jĂ  le moment oĂč les alluvions rempliront toute la baie qui s’étend jusqu’à la pĂ©ninsule d’Agrakhan. Il n’est pas Ă©tonnant que ce progrĂšs si rapide des terres soit attribuĂ© par quelques gĂ©ographes au retrait des eaux ; mais, s’il en Ă©tait ainsi, les terrains laissĂ©s Ă  nu par l’eau salĂ©e auraient donnĂ© spontanĂ©ment naissance Ă  des salicornes et Ă  d’autres plantes qui aiment les rives saturĂ©es de sel. Au contraire, toutes les herbes et tous les arbustes du delta ne peuvent vivre que dans un sol d’alluvions apportĂ© par les eaux douces. Au sud de la chaĂźne du Caucase, le Kour et l’Araxe rĂ©unis accomplissent aussi un travail gĂ©ologique considĂ©rable ; bien que, dans ces parages, la profondeur de la mer soit beaucoup plus grande qu’aux embouchures du Terek et du Volga, cependant le Kour a depuis les temps historiques rempli la moitiĂ© de la vaste baie de Kisil-Agatch, et projetĂ© une pĂ©ninsule d’alluvions jusqu’à 60 kilomĂštres en mer. Quelques auteurs se sont mĂȘme demandĂ© si dans les premiers siĂšcles de notre Ăšre la ligne des rivages ne passait pas en amont du confluent du Kour et de l’Araxe, Ă  une distance moyenne de 100 kilomĂštres Ă  l’ouest du rivage actuel. En effet, le tĂ©moignage trĂšs explicite de Strabon nous apprend que ces deux fleuves se jetaient autrefois dans la mer par des embouchures indĂ©pendantes, tandis qu’aujourd’hui l’Araxe, devenu simple affluent du Kour, lui apporte ses eaux Ă  prĂšs d’un degrĂ© Ă  l’ouest de l’embouchure commune. Grande matiĂšre Ă  discussion ! Strabon se serait-il trompĂ© ? Les deux fleuves auraient-ils opĂ©rĂ© leur confluent dans un nouveau lit conquis Ă  frais communs sur la mer ? L’Araxe aurait-il pu se permettre de dĂ©sobĂ©ir au texte de Strabon et changer de cours ? M. de Baer a sur tant d’érudits qui ont cherchĂ© Ă  Ă©lucider la question en comparant les manuscrits grecs, latins, arabes, l’immense privilĂšge d’avoir Ă©tudiĂ© le sol mĂȘme oĂč depuis Strabon les fleuves Araxe et Kour ont promenĂ© leurs lits. GrĂące Ă  un examen approfondi des plaines alluviales oĂč l’on peut suivre encore le large sillon abandonnĂ© par l’Araxe, il a pu tracer une carte de l’ancien cours, et raconter l’histoire de ce fleuve, transformĂ© de nos jours en simple tributaire. À l’époque de Strabon, l’Araxe coulait, comme aujourd’hui, dans la direction du nord-est jusqu’à une quarantaine de kilomĂštres du Kour ; mais en aval des montagnes appelĂ©es Karabag, il se dĂ©tournait Ă  droite et se dirigeait au sud-est vers la mer. Au coude mĂȘme, des canaux d’irrigation prenaient les eaux du fleuve pour aller fertiliser au nord les campagnes de la vallĂ©e du Kour, situĂ©es Ă  plusieurs mĂštres au-dessous du niveau de l’Araxe. Celui-ci n’avait plus alors qu’à suivre sa propre pente pour Ă©largir un des canaux d’irrigation et dĂ©verser dans le Kour d’abord une partie, puis la masse entiĂšre de ses eaux. Tous les fleuves qui traversent des plaines alluviales ne sont-ils pas de nature erratique et ne changent-ils pas incessamment de lit ? Le Tigre et l’Euphrate, dont les embouchures Ă©taient autrefois Ă©loignĂ©es d’une journĂ©e de marche, se confondent aujourd’hui dans le Chat-el-Arab ; le PĂŽ et l’Adige unissent leurs eaux par un rĂ©seau de riviĂšres paresseuses ; en AmĂ©rique, la RiviĂšre-Rouge, naguĂšre fleuve indĂ©pendant, n’est qu’un simple affluent du grand Mississipi ; dans la Chine, on a vu de nos jours le Hoang-ho abandonner en partie sa principale embouchure et s’en former une autre Ă  350 kilomĂštres plus au nord. Et pour ne pas sortir de la dĂ©pression aralo-Caspienne, plusieurs savans, parni lesquels Humboldt se place au premier rang, ne considĂšrent-ils pas comme un fait acquis Ă  la science l’existence d’un ancien lit de l’Oxus dirigĂ© vers la Mer-Caspienne ? Aujourd’hui l’Oxus ou Amu-Deria se jette dans l’Aral, Ă  600 kilomĂštres au nord-est de son antique embouchure prĂ©sumĂ©e. Les fleuves tributaires de la Caspienne ne se contentent pas d’empiĂ©ter constamment sur la mer par leurs deltas, ils empiĂštent aussi sur leur rive droite, et se dĂ©placent sans relĂąche en abandonnant leurs alluvions Ă  la rive gauche. Ce fait, souvent constatĂ© par les gĂ©ologues et connu de tout temps par les habitans de la Russie, est un des plus importans de l’hydrologie Caspienne, puisqu’il entraĂźne le remaniement graduel de toute la surface des steppes par les eaux douces, la formation de nouveaux deltas et de nouvelles passes, l’obstruction des anciennes embouchures. Ainsi toutes les bouches orientales de l’Oural se dessĂšchent graduellement, tandis que de nouveaux bras se creusent Ă  droite du cĂŽtĂ© de l’ouest. De mĂȘme toutes les anciennes branches du Terek, qui formaient la continuation naturelle de son cours vers le nord-est, sont aujourd’hui dessĂ©chĂ©es, et des deux embouchures principales qui coulent Ă  droite du delta, la plus importante est celle de droite, appelĂ©e le Nouveau-Terek. Dans le delta du Volga, c’est Ă©galement sur la droite, c’est-Ă -dire Ă  l’ouest, que s’est portĂ©e la masse des eaux. Il y a deux cents ans, l’embouchure principale suivie par les navires coulait directement d’Astrakhan vers l’est; depuis, le grand courant s’est frayĂ© successivement de nouveaux lits, obliquant de plus en plus Ă  droite, et maintenant le bras que suivent les embarcations est dirigĂ© vers le sud-sud-ouest c’est le Bachtemir. En amont d’Astrakhan, on peut aussi voir dans leur Ă©tonnante grandeur les traces des empiĂ©temens du Volga sur sa rive droite. Du cĂŽtĂ© de l’est, c’est-Ă -dire sur la rive gauche, ce sont des Ăźles, des canaux Ă  demi dessĂ©chĂ©s, des marĂ©cages, puis dans le lointain le steppe nivelĂ© par les eaux qui le recouvraient jadis. Le fleuve porte toute la force de son courant vers la rive occidentale, le plus souvent taillĂ©e en falaise et formĂ©e d’une Ă©norme muraille d’argile reposant sur un talus de sable. Pendant les crues, l’eau du Volga vient se heurter contre la base de la falaise, elle emporte le sable, creuse de grandes cavitĂ©s au-dessous de la paroi d’argile, puis dĂ©blaie les uns aprĂšs les autres les Ă©normes blocs quadrangulaires qui se dĂ©tachent des assises supĂ©rieures elle ronge ainsi et dĂ©truit sans relĂąche ces puissantes murailles argileuses qui de loin ressemblent Ă  des rochers, et les emporte Ă  la mer avec les villes et les villages qui les couronnent. Presque toutes les vingt-trois citĂ©s construites sur la rive occidentale du Volga, appelĂ©e aussi rive d’amont Ă  cause de ses falaises, sont ainsi dĂ©molies en dĂ©tail, maison Ă  maison, rue Ă  rue, et, rongĂ©es d’un cĂŽtĂ©, sont obligĂ©es d’avancer de l’autre dans le steppe. La berge de TchernoĂŻ-Jar, haute d’environ 30 mĂštres, recule Ă  peu prĂšs d’autant chaque annĂ©e, et la route par laquelle on descend de la ville au bord du fleuve est Ă  refaire tous les ans. Le cimetiĂšre, aussi bien que l’ancienne ville, est englouti, et rĂ©cemment encore on voyait des crĂąnes grimaçans et des squelettes blanchis faire saillie hors de la muraille rougeĂątre de la falaise. Du haut des escarpemens qui bordent la rive droite, on jouit d’une vue grandiose sur le fleuve, sur les innombrables canaux qui serpentent au milieu du labyrinthe des Ăźles vertes, sur l’Achtouba, ancien lit du Volga, laissĂ© aujourd’hui Ă  20 kilomĂštres du courant principal. Au-delĂ  s’étend le steppe immense, qui ressemble Ă  une mer grisĂątre, et pendant les inondations du Volga se transforme rĂ©ellement en mer sur une largeur considĂ©rable. C’est pour Ă©viter ces redoutables inondations que les villes ont Ă©tĂ© presque toutes bĂąties sur la rive droite ; trois seulement ont pu, grĂące Ă  des avantages exceptionnels, s’élever sur la rive gauche; l’une d’elles, Kasan, situĂ©e autrefois au confluent mĂȘme de la Kasanka et du Volga, est maintenant Ă  3 kilomĂštres de ce dernier fleuve elle a pour ainsi dire voyagĂ© vers l’est. Les affluens du Volga et toutes les riviĂšres de la Russie presque sans exception prĂ©sentent le mĂȘme phĂ©nomĂšne d’un empiĂ©tement continu des eaux sur la rive droite du lit qui les contient. La vĂ©ritable raison de ce phĂ©nomĂšne est la rotation de la terre. Puisque la vitesse de chaque point du globe autour de l’axe central, vitesse complĂštement nulle au pĂŽle, augmente sans cesse Ă  mesure qu’on se rapproche des rĂ©gions Ă©quatoriales, oĂč elle dĂ©passe 1,600 kilomĂštres Ă  l’heure, tout mobile qui se dirige du pĂŽle vers l’équateur doit nĂ©cessairement rester en arriĂšre du mouvement terrestre de plus en plus rapide qui l’emporte, et par consĂ©quent dĂ©vier vers l’occident, qui est Ă  droite dans l’hĂ©misphĂšre du nord, Ă  gauche dans l’hĂ©misphĂšre du sud. De mĂȘme tout corps qui remonte de l’équateur vers l’un des pĂŽles devance, par suite de sa vitesse acquise, le mouvement angulaire du globe et dĂ©vie fatalement Ă  l’est, c’est-Ă -dire Ă  droite encore dans l’hĂ©misphĂšre septentrional, Ă  gauche dans l’hĂ©misphĂšre opposĂ©. C’est Ă  cette loi qu’obĂ©issent les vents alizĂ©s et tous les courans atmosphĂ©riques, le gulfstream et les autres fleuves de l’OcĂ©an, les boulets eux-mĂȘmes sortis de la gueule du canon, et parfois, quand elles dĂ©raillent, les locomotives de nos voies ferrĂ©es. Cette loi rĂšgle aussi le cours de toutes les riviĂšres, et quand la configuration du sol s’y prĂȘte, quand les oscillations de la croĂ»te terrestre ou d’autres forces gĂ©ologiques ne viennent pas la contrarier, elle fait rĂ©guliĂšrement dĂ©vier les eaux courantes Ă  droite dans l’hĂ©misphĂšre du nord, Ă  gauche dans l’hĂ©misphĂšre du sud. Quant aux fleuves qui coulent parallĂšlement Ă  l’équateur, aucune force ne les oblige Ă  ronger l’une ou l’autre de leurs rives. M. de Baer cite un grand nombre de fleuves qui modifient leur cours dans le sens indiquĂ© par la loi de dĂ©placement, et l’on pourrait ajouter beaucoup d’autres noms Ă  sa liste. Dans l’hĂ©misphĂšre mĂ©ridional, il mentionne le systĂšme de la Plata avec tous ses affluens qui rongent incessamment leurs rives gauches; dans l’hĂ©misphĂšre du nord, il montre le Gange abandonnant la ville de Gour au milieu des jungles, l’Indus avançant son delta du cĂŽtĂ© de l’ouest, la Gironde et l’Elbe longeant la base des escarpemens de leurs rives droites, la Vistule approfondissant son embouchure orientale aux dĂ©pens de celle de gauche. Il cite aussi les grands fleuves de la SibĂ©rie, l’Ob, l’Irtych, le IĂ©nissĂ©i, qui s’avancent continuellement vers l’est en sapant les falaises sur lesquelles sont bĂąties les principales villes de la contrĂ©e. Parmi les fleuves que M. de Baer a signalĂ©s dans les diverses parties du monde comme se dĂ©plaçant d’une maniĂšre normale, il a eu tort cependant de placer le Mississipi. Ce cours d’eau, grĂące peut-ĂȘtre Ă  un lent mouvement de bascule qui semble faire pencher l’AmĂ©rique du Nord vers le sud-est, ne cesse au contraire d’empiĂ©ter sur sa rive gauche[5]. C’est probablement dans l’immense territoire russe, et en particulier dans le bassin de la Caspienne, que le phĂ©nomĂšne du dĂ©placement normal des fleuves se prĂȘte aux Ă©tudes les plus intĂ©ressantes. LĂ  en effet se trouvent rĂ©unies toutes les conditions favorables Ă  l’empiĂ©tement graduel des eaux sur la rive droite de leur lit. Le Volga surtout se fait remarquer sous ce rapport parmi tous les fleuves de la Russie. Son cours, assez droit et souvent parallĂšle au mĂ©ridien, lui permet de traverser rapidement des latitudes dont la vitesse angulaire augmente rapidement ; il roule une masse d’eau considĂ©rable qui peut balayer bien des obstacles ; ses Ă©normes crues accroissent pĂ©riodiquement sa force d’érosion ; les falaises qui le bordent sont composĂ©es d’un sol friable. DĂ©sormais ses envahissemens continuels, qui ont causĂ© tant de surprise aux gĂ©ologues, ne seront plus un sujet d’étonnement pour personne, et d’avance on pourra calculer la rapiditĂ© de sa marche vers l’ouest. Bien que l’influence de la rotation du globe sur les empiĂ©temens des fleuves fĂ»t dĂ©jĂ  indiquĂ©e et mĂȘme exposĂ©e longtemps avant la publication des Études sur la Caspienne, c’est Ă  M. de Baer qu’il faut faire remonter l’honneur d’avoir dĂ©gagĂ© cette dĂ©couverte de toute obscuritĂ© et de l’avoir Ă©tayĂ©e sur des preuves irrĂ©cusables. La crĂ©ation des deltas, l’érosion des falaises, l’égalisation du sol des steppes et tous les autres changemens introduits par les fleuves dans le relief de la contrĂ©e et la forme de la Mer-Caspienne sont peu de chose cependant, comparĂ©s Ă  la vĂ©ritable rĂ©volution gĂ©ologique qui a suivi la sĂ©paration du Pont-Euxin et de la Caspienne en deux mers distinctes. Lorsque ces deux nappes d’eau ne formaient encore qu’une seule et mĂȘme mĂ©diterranĂ©e, la Mer-Noire entourait de ses eaux le massif montagneux de la CrimĂ©e, recouvrait tous les steppes des Cosaques, de l’embouchure du Don Ă  celle du Kouban, et projetait un large bras dans la direction de l’est. Ce bras, graduellement rĂ©trĂ©ci entre les premiers renflemens du Caucase, au sud, et les hauteurs d’Ergeni, au nord, s’unissait par un dĂ©troit d’environ 50 kilomĂštres de large aux eaux de la Mer-Caspienne, qui s’étendaient alors sur les immenses steppes d’Astrakhan jusqu’à l’embouchure de l’Emba. Ce dĂ©troit de communication entre les deux mers, cet ancien lit de la MĂ©diterranĂ©e ponto-caspienne, est la vallĂ©e oĂč boulent aujourd’hui les eaux du Manytch. Malte-Brun ne s’était donc point trompĂ© en donnant cette dĂ©pression pour la vĂ©ritable limite gĂ©ographique entre l’Europe et l’Asie. Comment le partage de la grande mer intĂ©rieure en deux nappes distinctes s’est-il accompli? A-t-il eu pour cause l’effraction du Bosphore pai-les eaux du Pont-Euxin, ou plus simplement, comme le veulent Arago et le capitaine Maury, la diminution graduelle des pluies dans le bassin de la Russie mĂ©ridionale? Cette question nous semble pour le moment trĂšs difficile ou mĂȘme impossible Ă  rĂ©soudre; mais dĂ©jĂ  on peut affirmer et prouver que l’abaissement du niveau de la Caspienne s’est fait relativement d’une maniĂšre assez rapide. Dans les steppes des Kirghizes, non loin du lac Elton, s’élĂšvent Ă  200 mĂštres de hauteur au-dessus de la plaine les collines du Grand-Bogdo, qu’entouraient autrefois les vagues de la mer. Leurs flancs ont Ă©tĂ© dĂ©chiquetĂ©s par les eaux en tours, en dents, en aiguilles; les flots y ont creusĂ© de profondes cavernes, et l’on y voit mĂȘme des marmites de gĂ©ant grands entonnoirs oĂč les ondes tourbillonnantes roulaient incessamment des roches dĂ©tachĂ©es; mais ces anciens Ă©cueils se montrent seulement dans une certaine zone, situĂ©e sur tout le pourtour du massif Ă  la mĂȘme Ă©lĂ©vation au-dessus du sol des steppes; plus bas, les roches ne portent plus aucune trace de l’action Ă©rosive des eaux, Ă©videmment parce que le niveau de la mer a baissĂ© trop rapidement pour que les eaux aient pu attaquer les murailles des falaises. On peut observer le mĂȘme fait sur les rochers qui portent le fort de Novo-Petrovsk, prĂšs du cap de Tchuk-Karaghan. Ces rochers, sĂ©parĂ©s du plateau d’Oust-Ourt par un large ravin, Ă©taient aussi un grand Ă©cueil battu des flots. Les assises infĂ©rieures, sur lesquelles pesaient des masses d’eau tranquille, offrent Ă  peine quelques traces de l’action destructive de la mer; Ă  une certaine hauteur, les aspĂ©ritĂ©s des roches ont Ă©tĂ© arrondies et polies par le mouvement incessant et rĂ©gulier des vagues chargĂ©es de sable et de dĂ©bris; plus haut, quelques grottes, creusĂ©es sous des assises surplombantes, indiquent l’extrĂȘme Ă©lĂ©vation qu’atteignaient les lames poussĂ©es par un vent d’ouest. Les massifs de roches intactes qui se dressent au-dessus des grottes Ă©taient des Ăźles dominant le tumulte des flots. Si importante qu’elle soit, cette action des vagues sur quelques rochers ne saurait se comparer aux traces laissĂ©es par les eaux sur tous les rivages actuels des steppes d’Astrakhan. Ces tĂ©moignages du travail de la mer mĂ©ritent une Ă©tude toute spĂ©ciale, et ce n’est qu’aprĂšs en avoir donnĂ© une explication satisfaisante qu’on pourra espĂ©rer de rĂ©soudre le problĂšme si complexe du partage de la MĂ©diterranĂ©e ponto-caspienne en deux mers distinctes. On peut observer ces vestiges d’une grandiose rĂ©volution principalement entre l’embouchure du Volga et elle du Kouma. LĂ , les indentations de la cĂŽte affectent une forme des plus Ă©tranges malgrĂ© l’énorme diffĂ©rence qu’offrent la formation gĂ©ologique des steppes d’Astrakhan et celle des montagnes primitives de la Scandinavie, les baies de la Caspienne ressemblent d’une maniĂšre frappante aux fiords de la NorvĂšge; la cĂŽte, dĂ©coupĂ©e rĂ©guliĂšrement par des canaux trĂšs Ă©troits et longs de 20, 30, 40 et mĂȘme 50 kilomĂštres, projette dans la mer d’innombrables presqu’üles parallĂšles et dirigĂ©es de l’ouest Ă  l’est. Jusqu’à une grande distance dans la mer, les Ăźles sont Ă©galement disposĂ©es en rangĂ©es parallĂšles et sĂ©parĂ©es par de longs dĂ©troits ; simples continuations des pĂ©ninsules, elles forment des espĂšces de chaĂźnons qu’interrompent de distance en distance les eaux de la mer, et qui s’abaissent par chutes successives d’üle en Ăźlot et d’ülot en bas-fond. Les milliers de canaux qui sĂ©parent ces Ă©troites levĂ©es de terre sont un immense dĂ©dale inexplorĂ© mĂȘme des pĂȘcheurs; les cartes les plus dĂ©taillĂ©es peuvent seules donner une idĂ©e de cet Ă©trange fourmillement d’üles, d’ülots, de canaux et de baies. Il va sans dire que ces fiords caspiens n’ont rien de la sublimitĂ© sauvage des fiords de la NorvĂšge; ils n’ont qu’une faible profondeur et sont obstruĂ©s de bancs de sable ; les rivages qui les bordent ne sont pas ces Ăąpres rochers d’oĂč s’élancent de merveilleuses cascades du cĂŽtĂ© de la terre, l’horizon est bornĂ© par la plaine des steppes et non par ces grandioses mers de glace des Alpes scandinaves; mais, bien qu’infĂ©rieures en beautĂ©, les indentations de la cĂŽte Caspienne ne sont pas, au point de vue gĂ©ologique, moins intĂ©ressantes que celles de la Scandinavie. Entre chaque baie parallĂšle se prolonge une sĂ©rie de hauteurs qui va se rattacher dans l’intĂ©rieur des terres au sol uniforme des steppes. Ces bugors, ou monticules en chaĂźnons, sont en gĂ©nĂ©ral trĂšs Ă©troits, tandis que leur longueur varie de 500 mĂštres Ă  5 et mĂȘme 7 kilomĂštres; ils s’élĂšvent d’ordinaire Ă  la modeste hauteur de 8 ou 10 mĂštres, mais il en existe aussi qui atteignent une Ă©lĂ©vation presque double. Vu d’un ballon, l’ensemble des bugors doit rappeler une campagne marĂ©cageuse labourĂ©e par une gigantesque charrue. ImmĂ©diatement Ă  l’ouest du Volga, les limans, ou sillons qui sĂ©parent les bugors, sont toujours changĂ©s en riviĂšres. Pendant les inondations du fleuve, le courant dĂ©verse dans ces canaux le trop-plein de ses eaux chargĂ©es d’argile; puis, aprĂšs la fin de la crue, la mer y pĂ©nĂštre Ă  son tour. GrĂące Ă  ces ruisseaux qui coulent tantĂŽt dans un sens, tantĂŽt dans un autre, et qu’on pourrait comparer Ă  un systĂšme de veines et de veinules, il se produit ainsi dans les eaux de cette rĂ©gion des bugors un mouvement incessant de va-et-vient entre la mer et le Volga. Plus au sud, les vallĂ©es Ă©troites des limans, Ă©tant moins souvent remplies par les eaux d’inondation, n’offrent point en gĂ©nĂ©ral de nappe continue, mais seulement une chaĂźne de lacs sĂ©parĂ©s les uns des autres par des isthmes sablonneux. Lorsque le niveau des lacs s’élĂšve Ă  la suite de longues pluies, d’une crue exceptionnelle du Volga ou d’une infiltration des eaux marines, les digues de sable sont parfois emportĂ©es, et plusieurs lacs se rĂ©unissent en un seul; souvent aussi de longues sĂ©cheresses fractionnent un seul lac en un nombre plus ou moins considĂ©rable d’étangs qui se saturent peu Ă  peu de sel aux dĂ©pens des bugors dont ils baignent la base. Les agens qui dirigent l’exploitation de ces Ă©tangs se procurent de nouveaux lacs salĂ©s en coupant un liman de digues pour le sĂ©parer du Volga et de la mer; en quelques annĂ©es, l’ancienne nappe d’eau douce est transformĂ©e en un rĂ©servoir de sel. On peut Ă©tudier la formation des bugors sur un dĂ©veloppement de plus de 400 kilomĂštres de cĂŽtes entre l’embouchure du Kouma et celle de l’Oural. Au nord du Volga, ces monticules sont peu Ă©levĂ©s, assez irrĂ©guliers et sĂ©parĂ©s les uns des autres par des limans d’une faible longueur; mais il est cependant facile de les reconnaĂźtre. Dans les steppes, des sĂ©ries de lacs en chapelets Ă©pars çà et lĂ  semblent indiquer aussi une formation de la nature des bugors. Le delta du Volga offre lui-mĂȘme un nombre considĂ©rable de ces monticules, dirigĂ©s de l’est Ă  l’ouest, c’est-Ă -dire perpendiculairement au courant du fleuve. Les branches du Volga contournent les bugors; mais en mĂȘme temps elles les rongent pour se frayer un passage direct vers la mer. Dans la partie orientale du delta, oĂč l’Ɠuvre d’érosion se continue depuis de longs siĂšcles, les collines ont Ă©tĂ© en grande partie dĂ©blayĂ©es; mais dans la partie occidentale, oĂč le Volga coule depuis une Ă©poque comparativement rĂ©cente, de longues chaĂźnes de bugors dominent encore les eaux. Toutes les stations de pĂȘche dissĂ©minĂ©es sur les bords du fleuve et la citĂ© d’Astrakhan elle-mĂȘme ont Ă©tĂ© construites sur des collines de cette nature. Un fait trĂšs remarquable, c’est que tous ces monticules sont stratifiĂ©s, et que leurs couches superposĂ©es affectent la forme de voĂ»tes concentriques. Les strates les plus fortement argileuses sont pour ainsi dire les noyaux autour desquels se sont dĂ©posĂ©es les terres plus mĂ©langĂ©es de sable. Cette distribution des couches est due probablement Ă  l’action des courans d’eau qui donnĂšrent aux bugors leur apparence actuelle. On comprend en effet que, dans le sol dĂ©layĂ©, les couches d’argile et de sable se soient dĂ©posĂ©es rĂ©guliĂšrement, et que toutes ces strates encore flexibles, inclinant de cĂŽtĂ© et d’autre vers les courans qui baignaient leurs bases, se soient voĂ»tĂ©es en forme de coupoles. Nous avons dit que les chaĂźnes de bugors se dirigent gĂ©nĂ©ralement de l’est Ă  l’ouest. Cela est vrai, surtout dans les environs d’Astrakhan; mais si l’on compare ces lignes de monticules Ă  une bordure de franges attachĂ©e au continent, on voit que ces franges s’étalent un peu en Ă©ventail, d’un cĂŽtĂ© vers le nord, de l’autre vers le sud. Elles sont toutes comme les extrĂ©mitĂ©s de rayons partant d’un centre commun qui se trouverait dans la dĂ©pression du Manytch, sur le seuil qui sĂ©pare les versans des deux mers. On peut facilement s’expliquer cette disposition. Lorsque par suite de la rupture du Bosphore ou de la diminution des pluies le seuil du Manytch Ă©mergea de la mer, la nappe de la Caspienne, qui avait alors une superficie deux fois plus grande qu’aujourd’hui, fut tout Ă  coup privĂ©e des masses d’eau douce qui l’alimentaient conjointement avec la Mer-Noire. BornĂ©e au Volga, au Terek, Ă  l’Oural et Ă  des riviĂšres insignifiantes, elle fut sans doute, dans l’espace de quelques annĂ©es, rĂ©duite par l’évaporation Ă  la moitiĂ© de son ancien bassin, et les eaux, dans leur dĂ©nivellation graduelle, creusĂšrent sur le rivage actuel ces Ă©troits sillons qui nous Ă©tonnent. Sur les deux rives du Volga, on voit aussi des bugors dirigĂ©s perpendiculairement au rivage, et qui semblent devoir leur origine Ă  l’écoulement des eaux des steppes dans le com’ant du fleuve . III. La communication qui existait autrefois entre les deux mers peut-elle ĂȘtre rĂ©tablie, et pouvons-nous espĂ©rer de voir un jour les navires se rendre sans obstacle de Gibraltar au port d’Asterabad? Si Pierre le Grand avait connu la topographie de la Russie mĂ©ridionale, il eĂ»t sans doute rĂ©pondu affirmativement Ă  cette question; mais de son temps on n’avait aucune connaissance de la dĂ©pression du Manytch. Vers la fin du XVIIe siĂšcle, il fit commencer le percement d’un canal Ă  travers l’isthme Ă©troit de Tsaritzin, qui sĂ©pare deux coudes trĂšs rapprochĂ©s du Don et du Volga. Les travaux continuĂšrent pendant quatre annĂ©es ; mais les difficultĂ©s du terrain et surtout le mauvais vouloir des habitans firent abandonner l’entreprise. Maintenant encore ce projet semble irrĂ©alisable, et on s’occupe simplement de remplacer par un chemin de fer Ă  locomotives la voie ferrĂ©e Ă  traction de chevaux qui rĂ©unissait les deux fleuves depuis une quinzaine d’annĂ©es. En 1722, le tsar Pierre, vivement prĂ©occupĂ© du problĂšme de la jonction des deux mers, fit explorer les vallĂ©es du Kour et du Rion dans l’espĂ©rance de pouvoir Ă©tablir au pied mĂ©ridional du Caucase cette voie commerciale qu’il ne pouvait ouvrir au nord de la chaĂźne. La cession du Kour Ă  la Perse empĂȘcha les recherches d’aboutir; mais l’énormitĂ© des travaux Ă  entreprendre pour l’ouverture d’un canal Ă  travers cette rĂ©gion accidentĂ©e aurait sans aucun doute fait reculer Pierre le Grand. Lorsque Pallas eut enfin explorĂ© et pour ainsi dire dĂ©couvert la vallĂ©e du Manytch occidental, on put se faire une idĂ©e de l’ancienne communication des deux mers par le dĂ©troit ponto-caspien, et le projet d’un canal fut repris par les savans. Perrot, le premier, proposa d’utiliser la dĂ©pression du Manytch en y ouvrant une artĂšre commerciale ; mais c’est depuis les explorations de M. de Baer et surtout de l’inspecteur des salines BergstrĂŠsser que l’entreprise du canal du Manytch se discute sĂ©rieusement. Pendant quelques mois, ce projet dĂ©tourna l’attention publique des grandes spĂ©culations de chemins de fer. A peu prĂšs Ă  Ă©gale distance des deux mers, au milieu de la dĂ©pression ponto-caspienne, se trouve un lac allongĂ© ou plutĂŽt une chaĂźne de marĂ©cages aux bords obstruĂ©s de roseaux c’est le lac Manytch, dont l’eau se dĂ©verse dans le Don par une riviĂšre paresseuse qui porte aussi le nom de Manytch. Au sud du lac, les contre-forts du Caucase donnent naissance au torrent Kalaous, qui coule d’abord directement au nord, puis, arrivĂ© Ă  quelques verstes du lac, oblique Ă  l’est et au sud-est pour courir parallĂšlement Ă  la dĂ©pression de l’isthme et s’y jeter Ă  une petite distance en amont du lac. On croyait naguĂšre que le Kalaous, uni Ă  un affluent venu des steppes de l’est, allait perdre toutes ses eaux dans le lac Manytch et n’arrosait ainsi qu’un seul versant de l’isthme, celui de la Mer-Noire. Il n’en est pas ainsi. ArrivĂ© dans la dĂ©pression ponto-caspienne, le Kalaous se ramifie en un grand nombre de bras dont plusieurs disparaissent sous les sables, tandis que d’autres se dirigent Ă  l’est vers le lac Chara-Chul-Ussun, situĂ© dĂ©jĂ  sur le versant de la Caspienne, et coulent ensuite dans la direction de cette mer, en empruntant une vallĂ©e qui est la continuation de celle du Manytch et Ă  laquelle on donne le mĂȘme nom. Au printemps, lors de la fonte des neiges, et vers la fin de l’automne, aprĂšs les grandes pluies, le Kalaous roule une quantitĂ© d’eau considĂ©rable et se partage entre les deux Manytch, l’un tributaire de la mer Caspienne, l’autre de la mer d’Azof. La plaine, en apparence parfaitement unie, qui sĂ©pare le lac Manytch du lac Chara-Ghul-Ussun forme donc le vĂ©ritable seuil entre les deux bassins maritimes c’est le point le plus Ă©levĂ© de l’isthme. En explorant lui-mĂȘme le col de partage, M. de Baer recueillit sur la vallĂ©e du Manytch oriental les tĂ©moignages de nombreux traitans russes, armĂ©niens ou cosaques; mais comme il n’eut pas le temps de s’aventurer dans cette vallĂ©e, un doute eĂ»t toujours subsistĂ© sur le cours de la riviĂšre qui l’arrose, si une exploration directe n’avait depuis confirmĂ© ses assertions. GrĂące cĂ  M. BergstrĂŠsser, cette tĂąche est remplie il a fait relever gĂ©omĂ©triquement toute la dĂ©pression du Manytch depuis la Caspienne jusqu’au seuil des deux mers; bien plus, afin de rĂ©soudre pratiquement le problĂšme de la communication entre les deux bassins, il fit transporter sur les eaux du Manytch oriental, prĂšs de l’entrepĂŽt des salines de Modchar, deux embarcations, dont l’une, assez grande et munie de quatre voiles, Ă©tait montĂ©e de douze rameurs. La crue de la riviĂšre Ă©tait alors dans son plein. En amont de Modchar, le chenal, profond de 3 mĂštres environ, permit aux embarcations d’avancer rapidement; mais lorsque les bateaux furent entrĂ©s dans le vaste lac de Sasta, dont les eaux, gonflĂ©es par l’inondation, recouvraient une grande partie de la steppe, ils s’égarĂšrent sur cette immense surface, aux bas-fonds encore inconnus, et plus d’une fois Ă©chouĂšrent sur des bancs de sable, ou quittĂšrent le chenal pour s’aventurer, sans le savoir, au milieu des plaines inondĂ©es. Ainsi l’expĂ©dition perdit plusieurs jours Ă  la recherche du vĂ©ritable cours du Manytch, puis, lorsqu’elle fut arrivĂ©e Ă  un endroit oĂč la vallĂ©e rĂ©trĂ©cie permet de toujours reconnaĂźtre le lit, il lui fallut lutter pĂ©niblement contre un courant assez fort. Enfin elle atteignit l’embouchure du Kalaous mais l’inondation avait dĂ©jĂ  considĂ©rablement baissĂ©, et il Ă©tait impossible de pĂ©nĂ©trer directement dans le Manytch occidental. Les membres de l’expĂ©dition durent remonter le Kalaous parallĂšlement Ă  la dĂ©pression ponte-caspienne, puis, arrivĂ©s au coude oĂč la vallĂ©e du Kalaous remonte vers le nord, ils firent transporter leurs embarcations au point trĂšs rapprochĂ© oĂč le Manytch occidental commence Ă  devenir navigable, et descendirent le cours de la riviĂšre jusqu’à son embouchure dans le Don. En route, un bateau sombra sur un banc de sable; mais le problĂšme n’en Ă©tait pas moins Ă  peu prĂšs rĂ©solu l’expĂ©dition avait dĂ©montrĂ© la possibilitĂ© de passer d’une mer Ă  l’autre mer pendant les hautes crues du printemps. À cette Ă©poque, deux courans d’eau, coulant en sens inverse, Ă©tablissent temporairement un canal non interrompu entre les deux mers. Ainsi la vallĂ©e du Manytch oriental, complĂštement inconnue il y a quelques annĂ©es, est maintenant explorĂ©e dans son entier et M. BergstrĂŠsser en a fait tracer une carte excellente. Au sortir du lac Chara-Chul-Ussun, qui ressemble plutĂŽt Ă  un large fleuve, la riviĂšre se perd dans le Sasta lac des Carpes, ou plutĂŽt dans un labyrinthe d’eaux stagnantes, Ă©parses au milieu des steppes comme les Ăźles d’un archipel au milieu de la mer, et s’unissant en un seul lac Ă  l’époque des inondations. MalgrĂ© l’énorme Ă©vaporation qui agit sur cette vaste Ă©tendue, les eaux du Manytch sont encore assez abondantes pour s’échapper du lac Sasta et se sĂ©parer en trois branches. L’une va s’évaporer Ă  l’est, dans les mares en chapelet d’une aride vallĂ©e ; mais les deux autres se rĂ©unissent pour former le lac de KĂŽkĂŽ-Ussun, et coulent vers les salines de Modchar sous le nom de Machtuk-Gol. PrĂšs du dĂ©pĂŽt des salines, le fleuve se divise de nouveau un bras se dirige Ă  l’est vers le golfe de Beloserk, qu’il n’atteint pas un autre coule au sud-est et dans la direction du Kouma ; enfin le HouĂŻdouk ou bras du milieu, plus important que les deux autres, se change pendant l’étĂ© en une longue ligne de mares espacĂ©es de distance en distance jusqu’aux dunes qui bordent la Caspienne. N’est-il pas vraiment prodigieux que, dans son voyage de nivellement Ă  travers les steppes de la dĂ©pression du Manytch, M. Hommaire de Hell n’ait point vu tous ces affluens de la Caspienne ? N’est-il pas plus Ă©tonnant encore qu’il ait indiquĂ© la position du seuil des deux mers Ă  plus de 100 kilomĂštres de sa position vraie, qu’il ait fait du Manytch oriental la source du Manytch occidental et complĂštement ignorĂ© la bifurcation du Kalaous ? Et quelle foi peut-on ajouter aux rĂ©sultats d’un nivellement qui comporte de pareilles erreurs gĂ©ographiques ? Sans rĂ©pĂ©ter ici les accusations que MM. de Baer et Bergstraesser portent contre M. Hommaire de Hell, nous dirons seulement que Humboldt n’a pas eu besoin de parcourir les steppes du Manytch et de faire des opĂ©rations gĂ©odĂ©siques pour pressentir la vĂ©ritable topographie de l’isthme dans son excellent livre de l’Asie centrale, il parle de la bifurcation du Kalaous comme d’un fait probable. Un fleuve qui se sĂ©pare en tant de branches, qui s’épand en de si vastes bassins lacustres soumis Ă  une forte Ă©vaporation, qui fournit une mare insalubre Ă  chaque ravin latĂ©ral et dĂ©verse le restant de ses eaux dans quelques rigoles d’irrigation, pourrait sans doute devenir une voie navigable, si la masse en Ă©tait contenue par un seul lit. D’ailleurs un document retrouvĂ© prouve que cette voie existait encore au milieu du XVIIe siĂšcle. À cette Ă©poque, les Cosaques du Don, accourant en foule auprĂšs de leur compatriote Stenko Rasin, qui avait levĂ© l’étendard de la rĂ©volte, se rendirent en barques dans la Caspienne par la dĂ©pression du Manytch. Lorsque Stenko Rasin voulut retourner dans sa patrie, il tint conseil pour savoir sur quel cours d’eau il s’embarquerait, le Manytch ou le Volga. S’il fit remonter ce dernier fleuve Ă  ses bateaux, ce fut dans l’espĂ©rance de mieux approvisionner sa flottille et de pouvoir, en passant, faire demander sa grĂące au tsar. Le canal des deux mers a donc cessĂ© d’exister depuis deux siĂšcles seulement, grĂące Ă  quelque bifurcation du Manytch ou Ă  son Ă©panchement dans un lac. Serait-il donc impossible Ă  l’industrie de ramener le Manytch et de le maintenir dans son ancien lit? En tout cas, on ne peut songer Ă  creuser un canal maritime Ă  travers l’isthme ponto-caspien. Pour faire descendre en pente douce les eaux de la mer d’Azof vers la Mer-Caspienne, il faudrait accomplir une Ɠuvre bien plus colossale que le percement de l’isthme de Suez en vue d’un rĂ©sultat incomparablement moindre. Le seuil du Manytch Ă©tant situĂ© Ă  13 mĂštres au-dessus de la mer d’Azof et Ă  plus de 38 mĂštres au-dessus du niveau de la Caspienne, les tranchĂ©es Ă  creuser pour un canal de 3 mĂštres seulement n’auraient pas d’égales dans le monde; le fossĂ©, excavĂ© dans la dure argile des steppes et peut-ĂȘtre Ă  travers des assises de grĂšs, atteindrait une profondeur de 29 mĂštres sur une distance de 50 kilomĂštres environ. Au contraire un canal d’eau douce alimentĂ© par le Kalaous, le Kouma et tous les ruisseaux qui descendent des contre-forts du Caucase et des hauteurs d’Ergeni, dans la dĂ©pression du Manytch, serait, selon toute apparence, une Ɠuvre facile. D’aprĂšs M. BergstrĂŠsser, il suffirait d’établir des barrages Ă  tous les endroits oĂč des branches latĂ©rales Ă©puisent le fleuve pour obtenir Ă  peu de frais une ligne navigable de la Caspienne au lac Chara-Chul-Ussun. Si en mĂȘme temps on rĂ©gularisait le cours du Manytch Ă  travers les lacs, qu’on rĂ©unĂźt en un mĂȘme courant ses eaux, celles du Kouma et plusieurs ruisseaux qui se perdent aujourd’hui dans le dĂ©sert, le canal ponto-caspien serait dĂ©finitivement rĂ©tabli, et les embarcations d’un faible tonnage se rendraient sans peine d’une mer Ă  l’autre mer. L’eau existe il suffit d’en former un courant et de ne pas la laisser s’évaporer au milieu des steppes ou s’étaler en mares insalubres infestĂ©es par les moustiques. En pensant Ă  l’ouverture possible du canal des deux mers, M. BergstrĂŠsser se laisse emporter par son imagination aux rĂȘves du plus brillant avenir. Il voit des villes commerciales se fonder aux embouchures des deux Manytch et au point de partage de leurs eaux; il voit les steppes, ces rĂ©gions aujourd’hui si arides et dĂ©solĂ©es, se couvrir de vergers et de champs de blĂ© ; il voit des populations sĂ©dentaires s’établir en foule lĂ  oĂč sĂ©journent seulement pendant quelques mois des tribus de Tatars nomades. Les eaux d’inondation non utilisĂ©es pour le canal serviront Ă  fertiliser les campagnes infĂ©condes aujourd’hui; les roseaux des lacs et l’argile du sol fourniront en abondance des matĂ©riaux de construction ; le bois de chauffage manque, il est vrai, mais on pourra le remplacer parfaitement par les dĂ©jections des bestiaux. Il y a quelques mois Ă  peine, trois explorateurs de la vallĂ©e du Manytch, MM. Kostenkof, Barbet de Marny et Kryjine, sont revenus de leur voyage beaucoup moins enthousiastes que leur devancier; mais admettons un instant que les projets de M. BergstrĂŠsser se rĂ©alisent, et que les navires puissent aller librement de la Caspienne dans la Mer-Noire; bien plus, supposons que, par un judicieux amĂ©nagement des eaux de l’Oxus, on fasse communiquer la Mer-Caspienne avec la mer d’Aral et que l’on continue celle-ci vers l’OcĂ©an-Arctique au moyen des lacs en chapelet et des riviĂšres de la SibĂ©rie mĂ©ridionale; affirmons avec M. BergstrĂŠsser qu’il suffit de suivre les indications donnĂ©es par la nature elle-mĂȘme, partout oĂč elle a laissĂ© des traces de son passage, pour refaire son Ɠuvre et conduire de nouveau les bras de mer Ă  travers les continens eh bien! quand mĂȘme ces grands travaux seraient accomplis, quand mĂȘme les steppes seraient sillonnĂ©s de routes et les bords de la Caspienne pourvus de docks et d’entrepĂŽts, la civilisation n’y gagnerait que de faibles avantages, si les peuples qui habitent les contrĂ©es aralo-caspiennes ne recouvraient pas en mĂȘme temps leur initiative. Avec sa toute-puissance, qu’a su faire la Russie de ces pays conquis? Sans doute, elle a fait explorer ces vastes contrĂ©es et favorisĂ© le progrĂšs de la gĂ©ographie physique mais, en faisant Ă©tudier le sol, elle a nĂ©gligĂ© la prospĂ©ritĂ© du peuple. Au lieu de coloniser les bords de la Caspienne et de donner Ă  cette mer la grande importance commerciale qu’elle devrait avoir, les conquĂ©rans moscovites n’ont su que dĂ©vaster et appauvrir. Dans ces rĂ©gions jadis peuplĂ©es, le despotisme a fait la solitude. A l’époque de la migration des peuples, alors que les guerriers de l’Asie se rendaient Ă  la curĂ©e de l’empire romain, les tribus s’abattaient tour Ă  tour sur les steppes de la Caspienne comme des lĂ©gions de sauterelles, et pendant plusieurs siĂšcles ces contrĂ©es firent partie du grand atelier des peuples officina ou vagina gentium d’oĂč surgissaient sans cesse de nouvelles hordes de barbares poussant leur cri de guerre et de massacre contre le monde Ă©pouvantĂ©. Il ne manquait aux tribus accourues dans les steppes qu’une puissante influence civilisatrice pour les transformer en une vĂ©ritable nation. Lorsque l’empire des Bulgares, l’un des plus riches de l’Europe, se fonda sur les bords du Volga, on aurait pu croire que cette nation s’était enfin constituĂ©e; mais l’émigration des peuplades de l’Asie continuait toujours, les conflits se succĂ©daient sans interruption, la paix Ă©tait impossible entre ces hordes trop nombreuses qu’attiraient les plaines de la Russie abondamment arrosĂ©es par d’immenses fleuves. En 1630, l’émigration n’avait pas cessĂ© encore cinquante mille familles mongoles, quittant les plateaux du Thibet et les bords du lac de Koko-Noor, vinrent camper sur les rives du Volga. Un siĂšcle aprĂšs, un autre flot de Kalmouks dĂ©borde sur les steppes, et dans l’espace de quelques annĂ©es cinq cent mille Ă©migrans viennent demander l’hospitalitĂ© Ă  la Russie. Quelle bonne aubaine pour le gouvernement qui s’occupait dĂ©jĂ  d’introduire Ă  grands frais des Allemands sur son territoire ! Une population plus considĂ©rable, que celle de plusieurs principautĂ©s germaniques s’offrait volontairement Ă  coloniser les parties les plus reculĂ©es de l’empire et Ă  fournir en mĂȘme temps des troupes au tsar. En effet, les nouveau-venus paient gĂ©nĂ©reusement leur droit d’aubaine ils Ă©quipent pour l’empereur une armĂ©e de trente mille cavaliers, et vont combattre ses ennemis jusqu’en Turquie; mais bientĂŽt ils s’aperçoivent, que la Russie rĂ©compense leur bonne amitiĂ© par l’oppression elle leur ravit systĂ©matiquement leurs immunitĂ©s; de libres alliĂ©s qu’ils Ă©taient, elle les transforme peu Ă  peu en sujets au moyen d’une pression. administrative savamment organisĂ©e. Les Kalmouks comprirent que pour sauvegarder leur libertĂ© ils n’avaient plus qu’à retourner dans la patrie de leurs ancĂȘtres. Le 5 janvier 1771, le khan Oubacha se mit en route, suivi de prĂšs de quatre cent mille Kalmouks de tout Ăąge. et de tout sexe; il dĂ©joua l’armĂ©e russe envoyĂ©e Ă  sa poursuite, contourna la Caspienne, la mer d’Aral, le lac Balkach, et atteignit enfin le territoire de la Chine aprĂšs un voyage de huit mois. Le peuple s’étant Ă©vadĂ©, il ne restait plus aux Russes qu’un dĂ©sert. Aujourd’hui on compte Ă  peine dans les steppes d’Astrakhan quinze mille familles de Kalmouks, c’est-Ă -dire au plus la sixiĂšme partie de la population qui s’y trouvait autrefois. La nation est remplacĂ©e par quelques hordes errantes et avilies, car les fugitifs ont emportĂ© avec eux leur patrie et leurs dieux; le lien qui rĂ©unissait les tribus en un corps de peuple est rompu, et ceux qui sont restĂ©s dans les steppes, opprimĂ©s, Ă©pars, dĂ©paysĂ©s, plus exilĂ©s que leurs frĂšres, ont perdu toute littĂ©rature nationale et jusqu’au souvenir des chants de leurs aĂŻeux; la civilisation originale qui se dĂ©veloppait chez eux vers le milieu du XVIIIe siĂšcle a disparu sans retour. GrĂące au despotisme, la barbarie a repris l’empire le plus absolu sur ces peuplades asservies, et de nos jours l’instruction des Kalmouks les plus intelligens consiste Ă  savoir Ă©crire des priĂšres et Ă  les faire tourner dĂ©votement sur une roue en l’honneur de Bouddha. Tel a Ă©tĂ© le rĂ©sultat de la domination russe, et maintenant mĂȘme n’assistons-nous pas Ă  la dĂ©population presque complĂšte de la CrimĂ©e? Pour Ă©viter ]a loi di, tsar, les Tatars NogaĂŻs vont demander asile Ă  cette Turquie elle-mĂȘme profondĂ©ment dĂ©moralisĂ©e. Les Tcherkesses aussi abandonnent leurs montagnes par centaines et par milliers, afin de ne pas voir flotter prĂšs d’eux l’étendard moscovite. Ce qui s’est passĂ© sur la rive occidentale de la Caspienne se passe Ă©galement sur la rive orientale. AprĂšs une premiĂšre, et fatale expĂ©dition contre Khiva, les gĂ©nĂ©raux russes, n’osant plus aventurer une armĂ©e dans une nouvelle campagne, employĂšrent un ingĂ©nieux moyen d’arriver lentement et sĂ»rement Ă  une conquĂȘte dĂ©finitive. De chaque fort situĂ© sur le bord de la Caspienne, ils envoyĂšrent dans la direction de l’Aral des compagnies de soldats chargĂ©es d’établir, sans se presser, une ligne de blockhaus s’étendant comme une barriĂšre d’une mer Ă  l’autre mer. DĂšs qu’un campement militaire Ă©tait mis Ă  l’abri de toute attaque et pourvu de puits et de jardins, on organisait un autre campement plus avant dans le steppe. Semblable Ă  ces tiges traçantes qui, de distance en distance, plongent leurs racines dans le sol, l’armĂ©e russe d’occupation projetait ainsi vers la mer d’Aral ses postes avancĂ©s. Enfin les plaines furent enserrĂ©es de toutes parts; mais la Russie avait conquis un dĂ©sert sans attendre que le cercle d’acier se fĂ»t refermĂ© autour d’eux, les TurkmĂšnes nomades avaient prudemment pris la fuite. Les steppes arides d’Astrakhan et de l’Aral n’ont pas Ă©tĂ© seuls Ă  perdre leur ancienne population; les rivages fertiles qui s’étendent au pied du Caucase ont Ă©tĂ© de mĂȘme en partie dĂ©sertĂ©s. Derbend, Bakou, n’offrent plus que les restes de leur antique splendeur, et la Transcaucasie Caspienne, oĂč les Argonautes allaient autrefois conquĂ©rir la toison d’or, oĂč tant d’érudits thĂ©ologiens ont cherchĂ© le paradis terrestre, n’offre guĂšre que des campagnes laissĂ©es en friche. Les seules parties du pays oĂč l’on trouve encore des bourgades et des cultures clair-semĂ©es sont les rives des fleuves; les anciens canaux d’irrigation ne servent maintenant qu’à former des marĂ©cages, et ces rĂ©gions, jadis salubres, sont aujourd’hui ravagĂ©es par des fiĂšvres mortelles. La description que Strabon fait de ces contrĂ©es leur convient de nos jours aussi peu que la description de la Babylonie par HĂ©rodote convient aux plaines de l’Euphrate on dirait qu’un souffle de mort a passĂ© sur elles, flĂ©trissant les arbres, exterminant les peuples. Toutefois, si les bords de la Caspienne, comparĂ©s Ă  d’autres rĂ©gions d’Europe moins favorisĂ©es, sont pour ainsi dire dĂ©peuplĂ©s, peut-ĂȘtre, pensera-t-on, la Russie a-t-elle su profiter des immenses avantages commerciaux que lui offre la Caspienne, et y crĂ©er au moins quelques marchĂ©s oĂč s’opĂšrent les Ă©changes entre les peuples de l’Europe et ceux de l’Asie. Dans le monde entier, il n’est pas une seule mer qui soit plus admirablement placĂ©e pour le commerce du monde que la MĂ©diterranĂ©e russe. SituĂ©e au centre du continent, elle baigne Ă  la fois l’Europe et l’Asie ; elle Ă©tend d’un cĂŽtĂ© ses baies sur les plaines du nord, de l’autre reflĂšte dans son bassin la splendide vĂ©gĂ©tation des tropiques ; elle unit deux mondes que le Caucase tente vainement de sĂ©parer l’un de l’autre par sa haute muraille de rochers et de glaces. Elle semble destinĂ©e Ă  devenir le grand chemin du commerce de l’Europe avec l’Inde et la Chine, et le Volga, ce grand fleuve que Strabon prenait pour un bras de mer, est, en effet comme un immense dĂ©troit creusĂ© d’avance pour porter dans l’extrĂȘme Orient les richesses de l’Europe occidentale. Eh bien ! ces privilĂšges que les Bulgares savaient utiliser, la souple et mobile nation russe, si naturellement portĂ©e au commerce, n’a pu jusqu’à ce jour en tirer aucun profit. Pendant le moyen Ăąge, Astrakhan Ă©tait le grand marchĂ© oĂč les nĂ©gocians de Venise et de GĂȘnes venaient acheter les Ă©pices et les soieries des Indes; mais Ivan le Terrible a passĂ© lĂ , et ce qu’il n’a pas dĂ©truit par le fer et l’incendie, le despotisme administratif de ses successeurs s’est chargĂ© de le faire.. En vain Pierre le Grand, qui avait conscience de la haute destinĂ©e rĂ©servĂ©e Ă  son empire, a voulu rappeler le commerce Ă  coups de dĂ©crets; les dĂ©cisions de l’autocrate n’obligĂšrent pas les trafiquans des Indes Ă  reprendre le chemin de la ville abandonnĂ©e. Astrakhan, que par habitude on croit encore ĂȘtre le rendez-vous des peuples de l’Asie, est aujourd’hui une citĂ© purement russe, renfermant Ă  peine quelques centaines d’étrangers; sa plus grande industrie est une industrie toute locale, celle de la pĂȘche, et son commerce est infĂ©rieur Ă  celui d’un port anglais de troisiĂšme ordre. Les marchandises qu’elle Ă©change annuellement avec la Perse reprĂ©sentent au plus une valeur de 5 ou 6 millions de francs, et c’est Ă  300,000 francs chaque annĂ©e que s’élĂšve Ă  peine son trafic avec Khiva, Boukhara, Samarkhand, ces capitales des plaines fertiles qui, du temps d’Alexandre le Grand, avaient mĂ©ritĂ© le nom de Sogdiane ou de Paradis, et dont les contes des Mille et Une Nuits nous rappellent la merveilleuse splendeur Ă  l’époque des califes. Loin d’ĂȘtre un grand chemin des nations, la Caspienne n’est guĂšre qu’une impasse entourĂ©e de dĂ©serts. Le commerce la fuit; on a mĂȘme vu les cotons du Mazanderan, recueillis au bord de la MĂ©diterranĂ©e russe, se rendre en Angleterre par la voie du Golfe-Persique, et TrĂ©bizonde ne doit son importance qu’à l’adresse avec laquelle le commerce sait Ă©viter les frontiĂšres de la Russie. C’est que l’absolutisme pĂšse mĂȘme sur les Ă©changes quand il ne laisse au peuple d’autre soin que celui de ses intĂ©rĂȘts matĂ©riels, ces intĂ©rĂȘts mĂȘmes sont en danger, et les citoyens s’appauvrissent tout en recherchant avidement la fortune. Morts Ă  la vie politique, ils finissent par perdre toute initiative et ne savent plus mĂȘme s’enrichir. La civilisation ne se laisse pas dĂ©crĂ©ter par un gouvernement, et toute prospĂ©ritĂ© durable ne peut jamais se fonder que sur la libertĂ©. ELISEE RECLUS. ↑ D’aprĂšs le capitaine Maury et le lieutenant Herndon, l’erreur probable donnĂ©e par les lectures baromĂ©triques serait de plus de 600 mĂštres dans la vallĂ©e du Marañon ; quand on remonte les bords du fleuve, le baromĂštre annonce que l’on descend. ↑ L’écart est d’environ 80 degrĂ©s, de + 40 Ă  — 40. En l’annĂ©e 1840, M. Platon de Tchihatchef constata un froid de — 43°7 sous le 47e degrĂ© de latitude. ↑ Ce voyageur ayant, sans penser Ă  mal, indiquĂ© son itinĂ©raire au ministre de la marine, le capitaine de navire chargĂ© de lui faire visiter les points du rivage marquĂ©s sur la feuille de route le conduisit comme un prisonnier Ă  tous les endroits dĂ©signĂ©s, et ne lui permit pas une seule excursion Ă  droite ou Ă  gauche. Peu importait la science au rigide capitaine il ne connaissait que sa consigne. ↑ La Mer-Noire, avec laquelle la Caspienne communiquait autrefois par la vallĂ©e du Manytch, renferme proportionnellement deux fois plus de sel. ↑ Dans un intĂ©ressant volume publiĂ© rĂ©cemment sous le titre d’Harmonies de la Mer, M. Julien, s’appuyant sur une affirmation fort lĂ©gĂšre de M. Babinet, prĂ©tend que dans notre hĂ©misphĂšre les alluvions des fleuves se dĂ©posent invariablement sur la rive droite en vertu mĂȘme de la rotation du globe. Or c’est prĂ©cisĂ©ment le contraire qui a lieu, exceptĂ© pour le Mississipi et d’autres cours d’eau qui se trouvent dans des conditions particuliĂšres. Il est vrai que tous les bois de dĂ©rive, toutes les Ă©paves flottantes entraĂźnĂ©es par le gulfstream, dĂ©vient sur la rive droite de ce courant ; mais les cours d’eau contenus entre deux rivages ne peuvent ĂȘtre comparĂ©s au gulfstream, qui coule librement au milieu de la mer. Dans ce fleuve maritime, tous les dĂ©bris que porte le courant trouvent immĂ©diatement Ă  droite une eau tranquille, et ils n’ont qu’à suivre leur pente pour aller s’y dĂ©poser ; mais, dans les fleuves des continens, les sĂ©dimens tenus en suspension ne peuvent s’arrĂȘter lĂ  oĂč passe toute la masse des eaux, rongeant constamment le rivage. LaissĂ©es, puis reprises, puis dĂ©posĂ©es de nouveau pour ĂȘtre entraĂźnĂ©es encore, toutes les alluvions finissent par ĂȘtre rejetĂ©es sur la rive la plus Ă©loignĂ©e du fil du courant. Dans l’hĂ©misphĂšre du nord, cette rive est la rive gauche. LeprĂ©sent dossier propose, dans une perspective historique de longue durĂ©e, le couplage de quelques problĂ©matiques concernant la mer Noire et la mer Caspienne, deux espaces maritimes enclavĂ©s qui, avec l’isthme montagneux du Caucase, constituent, du point de vue gĂ©ographique, un pont entre l’Europe et l’Asie.
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Carte physique du Caucase Le Caucase est une chaĂźne de montagnes situĂ©e entre la mer Noire et la mer Caspienne. Celle-ci s'Ă©tend sur 1 200 km de long. Son point culminant est l'Elbrouz 5 642 m. Les gĂ©ographes gĂ©orgiens et armĂ©niens le considĂšrent comme une montagne d'Europe. Cette rĂ©gion rassemble des populations d'origines diverses, ayant des langues, des coutumes, des religions diffĂ©rentes. Elle est divisĂ©e en un grand nombre de rĂ©publiques indĂ©pendantes ou rattachĂ©es Ă  la FĂ©dĂ©ration de Russie. Le savais-tu ? Ne pas confondre ! Il ne faut pas confondre Le mot caucasien dans la langue française avec le mot anglais Caucasian qui permet de diffĂ©rencier en AmĂ©rique du Nord les Blancs d'origine purement europĂ©enne de ceux d'origine hispanique. Le mont Elbrouz, sommet du Caucase, et l'Elbourz ou Alborz, massif montagneux qui domine TĂ©hĂ©ran, capitale de l'Iran. L'Elbrouz dans le Caucase russe, point culminant d'Europe. Sommaire 1 Pays du Caucase Caucase du Nord ou Ciscaucasie Caucase du Sud ou Transcaucasie 2 Langues du Caucase Groupe indo-europĂ©en Groupe caucasien Groupe turc Groupe mongol Carte politique du Caucase Pays du Caucase[modifier modifier le wikicode] Caucase du Nord ou Ciscaucasie[modifier modifier le wikicode] Cette rĂ©gion fait partie de la FĂ©dĂ©ration de Russie. Elle comprend les rĂ©publiques de KaratchaĂŻĂ©vo-Tcherkessie ; Kabardino-Balkarie ; OssĂ©tie du Nord ; Ingouchie ; TchĂ©tchĂ©nie ; Daguestan. Administrativement, la Ciscaucasie inclut aussi la RĂ©publique d'AdyguĂ©e, le krai de Stavropol et le krai de Krasnodar. Caucase du Sud ou Transcaucasie[modifier modifier le wikicode] Cette rĂ©gion est divisĂ©e en rĂ©publiques indĂ©pendantes la GĂ©orgie, qui doit faire face au sĂ©paratisme en Abkhazie, OssĂ©tie du Sud et Adjarie ; l'ArmĂ©nie ; l'AzerbaĂŻdjan. Elle comprend aussi la rĂ©gion de Kars, en Turquie. Carte des groupes ethniques et linguistiques du Caucase Langues du Caucase[modifier modifier le wikicode] Groupe indo-europĂ©en[modifier modifier le wikicode] Russe, armĂ©nien, ossĂšte. Groupe caucasien[modifier modifier le wikicode] GĂ©orgien, abkhaze, tchĂ©tchĂšne, ingouche. Groupe turc[modifier modifier le wikicode] AzĂ©ri Groupe mongol[modifier modifier le wikicode] Kalmouk 42°15â€Č40″N 44°07â€Č16″E / PourquoiLĂ©on Blum a Ă©tĂ© emprisonnĂ© ? Il redevient prĂ©sident du Conseil l'annĂ©e suivante, mais pour seulement un mois. Lors de l'occupation de la France par les armĂ©es du TroisiĂšme Reich, il est emprisonnĂ© par le rĂ©gime de Vichy, traduit en justice lors d'une parodie de procĂšs Ă  Riom en 1942, puis dĂ©portĂ© Ă  Buchenwald.
Le Caucase une “ montagne de langues ” IMAGINEZ-​VOUS dans une rĂ©gion montagneuse d’à peu prĂšs la superficie de l’Espagne. Vous y dĂ©couvrez, stupĂ©fait, des dizaines de nationalitĂ©s, parlant chacune sa langue. Vous trouvez mĂȘme des villages voisins qui ne se comprennent pas entre eux ! Cette rĂ©gion faisait dĂ©jĂ  l’étonnement des gĂ©ographes au Moyen Âge, puisque l’un d’eux l’a qualifiĂ©e de “ montagne de langues ”. En effet, le Caucase, Ă  cheval sur la chaĂźne du mĂȘme nom entre la mer Noire et la mer Caspienne, est un carrefour de continents et de civilisations. C’est ce qui fait sa richesse historique et culturelle. Ses habitants sont rĂ©putĂ©s pour leur respect des aĂźnĂ©s, leur amour de la danse et leur belle hospitalitĂ©. Mais de l’avis de beaucoup de voyageurs, sa particularitĂ© la plus surprenante, c’est son foisonnement d’ethnies et de langues on y dĂ©nombre plus de langues que dans toute autre rĂ©gion d’Europe de mĂȘme superficie. Une diversitĂ© fabuleuse Au Ve siĂšcle avant notre Ăšre, l’historien grec HĂ©rodote racontait “ Des peuples nombreux et divers habitent le Caucase*. ” À l’aube du Ier siĂšcle, Strabon, autre historien grec, a Ă©voquĂ© 70 tribus ayant chacune sa langue et venant faire du commerce Ă  Dioscurias aujourd’hui Soukhoumi, sur la mer Noire. Quelques dĂ©cennies plus tard, l’écrivain latin Pline l’Ancien expliquait que les Romains avaient besoin de 130 interprĂštes pour faire des affaires Ă  Dioscurias. Aujourd’hui, le Caucase est le berceau de 50 ethnies, chacune ayant ses coutumes et, souvent, son costume traditionnel, son art, son architecture. Il y rĂ©sonne au moins 37 langues indigĂšnes, certaines pratiquĂ©es par des millions de locuteurs, d’autres seulement par quelques villages. La palme du nombre de langues dans cette contrĂ©e revient Ă  la rĂ©publique russe du Daghestan, qui compte environ 30 ethnies autochtones. Jusqu’à prĂ©sent, la parentĂ© linguistique de toutes ces langues entre elles et avec d’autres groupes linguistiques demeure un mystĂšre. Aimeriez-​vous voir comment s’écrivent les parlers du Caucase ? Le site Web officiel des TĂ©moins de JĂ©hovah, publie en plus de 400 langues. Celles du Caucase y sont bien reprĂ©sentĂ©es. Explorez-​le donc, et laissez-​vous charmer par la rĂ©gion haute en couleur pertinemment surnommĂ©e “ montagne de langues ” !
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LaGĂ©orgie, l’AzerbaĂŻdjan et l’ArmĂ©nie sont 3 pays du Caucase. Le Caucase est une rĂ©gion montagneuse d’Asie, situĂ©e entre la mer Noire et la mer Caspienne. Les montagnes du Caucase s’étendent aussi sur la Russie, en Europe. Le Caucase est peuplĂ© par plus de 50 ethnies diffĂ©rentes. De nombreuses guerres ont opposĂ© ces peuples au
El Mer Caspienne C'est un lac qui contient de l'eau salĂ©e, riche en hydrocarbures, une grande variĂ©tĂ© d'espĂšces marines et aussi des espĂšces que l'on trouve dans les endroits voisins. Dans l'article suivant, vous pouvez dĂ©velopper les informations. Sommaire1 Description de la mer Caspienne2 Formation de la mer Caspienne3 BiodiversitĂ© de la mer4 Menaces sur la mer Description de la mer Caspienne Ils l'appellent une mer, en rĂ©alitĂ© c'est un lac d'eaux salĂ©es "endorĂ©ique", ce qui signifie qu'il n'a pas de dĂ©bouchĂ© vers le Mers et ocĂ©ans; Il est classĂ© lac intĂ©rieur ou bassin endorĂ©ique aux plus grandes dimensions de la planĂšte, on l'appelle aussi la mer aux plus petites dimensions de la planĂšte. Il faut tenir compte de sa situation juridique vis-Ă -vis des pays qui la limitent, puisque les ressources seraient gĂ©rĂ©es par eux ; sinon, les ressources seront distribuĂ©es Ă  parts Ă©gales Ă  tous les pays riverains. Son emplacement se situe dans les montagnes orientales du Caucase, dans une cavitĂ© profonde situĂ©e entre les continents europĂ©en et asiatique, Ă  une hauteur de 27 Ă  28 mĂštres sous le niveau de la mer. Les pays cĂŽtiers de cette mer sont L'Iran. Il appartient aux États du Moyen-Orient et d'Asie occidentale. AzerbaĂŻdjan. SituĂ© entre l'Europe de l'Est et l'Asie de l'Ouest TurkmĂ©nistan. SituĂ© en Asie centrale. Il a des frontiĂšres avec des pays d'Europe et d'Asie, ainsi qu'avec les ocĂ©ans Arctique et Pacifique. Kazakhstan. Il limite Ă  l'est avec la Chine et la Russie. Les villes qui sont sur ses rives Bakou. C'est la principale ville et le centre commercial du pays AzerbaĂŻdjan. C'est la capitale de la province de Mangystau, situĂ©e dans le sud-ouest du Kazakhstan. Makhatchkala. Capitale du Daghestan, situĂ©e au sud de la Russie europĂ©enne. L'emplacement des bassins L'une est au nord, qui est petite, elle n'occupe qu'un quart de l'espace de la mer, elle n'a pas beaucoup de profondeur. Dans la zone centrale, ce bassin a un grand fond d'une mesure de 190 mĂštres. Le troisiĂšme bassin situĂ© au sud est celui qui a la plus grande profondeur et les deux tiers de la mesure totale de l'eau y sont contenus. Ce bassin sud s'enfonce violemment, atteignant environ XNUMX mĂštres. La mer montre une longue figure ayant une amplitude moyenne d'environ 230 kilomĂštres. LĂ  oĂč il est le plus large, il mesure 435 kilomĂštres et sa longueur est de XNUMX kilomĂštres. Il n'a pas une grande profondeur. La zone mesure environ XNUMX km2, tandis que l'amplitude est d'environ XNUMX km3. Il est important de savoir que la mer Caspienne possĂšde 40% des eaux continentales de la planĂšte. La Caspienne est alimentĂ©e par plusieurs fleuves, le plus important est le fleuve Volga, les autres venant du fleuve sont l'Oural, l'Atrak, le TĂ©rek et le KurĂĄ. L'eau de cette mer a une lĂ©gĂšre teneur en salinitĂ©, proportionnellement c'est un tiers de la salinitĂ© de l'ocĂ©an, 1,2%. Pourcentage qui est dĂ» au niveau Ă©levĂ© d'Ă©vaporation constatĂ© Ă  diffĂ©rents endroits, comme les rĂ©gions de Kara-Bogaz-Gol, en Asie centrale, Ă  la montĂ©e des fleuves, principalement la Volga, et est Ă©galement dĂ» Ă  ce qui s'est passĂ© des millions de ans dans la Caspienne, qui Ă©tait entiĂšrement liĂ©e Ă  l'ocĂ©an. Formation de la mer Caspienne El Mer Caspienne, Il Ă©tait inclus dans une mer qui allait du sud de l'Europe Ă  la mer d'Aral en Asie occidentale, appelĂ©e "Paratetis", laissant la mer Caspienne Ă  partir de cette mer. Son lien avec l'ocĂ©an a pris fin il y a environ 5,5 millions d'annĂ©es, se sĂ©parant aprĂšs la rĂ©duction de la limite de l'eau et lorsque la croĂ»te terrestre a Ă©tĂ© soulevĂ©e, oĂč ont commencĂ© des montagnes comme celles d'Elbourz dans le Caucase. A l'origine la mer Noire et la mer Caspienne n'Ă©taient qu'un bassin ayant la limite maximale au PalĂ©ocĂšne, favorisĂ©es lors de l'Ă©lĂ©vation des montagnes du Caucase, provoquant la sĂ©paration et laissant cette mer complĂštement seule. BiodiversitĂ© de la mer VĂ©ritable ruche de vie, la Caspienne compte plus de 850 espĂšces animales et environ 500 espĂšces vĂ©gĂ©tales. Le Fonds mondial pour la nature WWF a enregistrĂ© qu'il existe dans la mer environ 400 espĂšces permanentes d'animaux diffĂ©rents et que d'autres se trouvent dans les deltas des riviĂšres et des cĂŽtes. Le Pusa Caspica, qui est le phoque trouvĂ© sur le site, fait partie des espĂšces qui se dĂ©marquent de maniĂšre remarquable, cette espĂšce ne vit que dans le Mer caspienne. Quant Ă  la variĂ©tĂ© de poissons que vous pouvez trouver sont La PĂȘche le brochet le sprat le hareng Le corĂ©gone de la Caspienne Rutilus kutum. Sa pĂȘche couvre prĂšs 90% de la pĂȘche mondiale. Le Brochet BrĂšme Abramis brama L'Esturgeon, ses Ɠufs sont distribuĂ©s sous forme de caviar. Au fond de la mer, vous pouvez trouver diffĂ©rentes sortes de mollusques et de crustacĂ©s. Il existe Ă©galement diffĂ©rents types de reptiles, tels que La tortue russe Agrionemys horsfieldii. C'est une espĂšce terrestre, elle est dissĂ©minĂ©e dans toute l'Eurasie. La tortue mauresque Testudo graeca. Il fait partie des huit espĂšces prĂ©sentes dans le genre Testudo. De nombreuses espĂšces vivent en surface et dans les lieux avoisinants, certaines passent l'une des Saisons de l'annĂ©e, comme en hiver, parmi eux se trouvent des oiseaux tels que La Mouette Caspienne Larus cachinnans La Foulque macroule Fulica atra, Le canard de Havelda Clangula hyemalis, Cygne tuberculĂ© Cygnus olor Oie cendrĂ©e Anser anser Le Canard colvert Anas platyrhynchos, Cygne chanteur Cygnus cygnus L'aigle impĂ©rial Aquila heliaca La Pagaza Ă  bec rouge Hydroprogne caspia Flamants roses du TurkmĂ©nistan, parfois ils apparaissent sur place. Dans la mer, il y a diffĂ©rentes algues brunes et rouges, dans la zone cĂŽtiĂšre, il y a des plantes xĂ©rophytes qui coexistent avec prospĂ©ritĂ©. Ces plantes se sont adaptĂ©es au sol sec de l'Asie centrale. Le delta de la Volga a une vĂ©gĂ©tation abondante, oĂč ils poussent l'Aldrovanda Vesiculosa, c'est une plante aquatique carnivore, quelques lotus de la famille des Nelumbonaceae. Menaces sur la mer La Caspienne est un bassin riche en or noir et en gaz naturel, qui prĂ©sentent tous deux un grand intĂ©rĂȘt pour toute la rĂ©gion. L'utilisation et la production du bassin ont augmentĂ© ces derniĂšres annĂ©es. Outre la capture du poisson "esturgeon", qui contribue Ă  la croissance de l'Ă©conomie, il convient Ă©galement d'inclure la contribution et l'augmentation de la pollution de l'eau due Ă  la construction de plates-formes d'extraction. Les Ăźles d'origine artificielle et de diffĂ©rentes structures qui sont basiques pour mener Ă  bien toutes les opĂ©rations, sont aussi les substances toxiques qui sont incluses par l'industrie et l'agriculture. Les marĂ©es noires sont frĂ©quentes. Comme c'est une nature fermĂ©e, la mer a une vulnĂ©rabilitĂ© trĂšs Ă©levĂ©e. Il est important de souligner que les niveaux d'eau fluctuent fortement en raison de l'Ă©volution des cĂŽtes et de la construction de barrages. La surpĂȘche a diminuĂ© le nombre de poissons; comme c'est le cas pour l'esturgeon, que la quantitĂ© a chutĂ© rapidement. Actuellement, certaines restrictions ont Ă©tĂ© mises en place pour faire croĂźtre Ă  nouveau la population de cette espĂšce, il convient de noter que la pĂȘche illĂ©gale est toujours trouvĂ©e qui viole ces restrictions.
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montagne entre mer noire et mer caspienne